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Soudain, les cris de terreur de la vieille dame se substituèrent à un hoquet de surprise.
Avançant tout doucement – Vlad ne voyait pas mieux dans le noir que l'occupante légitime des lieux – il buta bientôt contre le rebord du lit.
Se penchant vers les draps, il tâta le corps de sa proie, qu'il espérait svelte. Statistiquement, le sang de ses victimes minces avait meilleur goût...
Bientôt, ses longs doigts féminins aux ongles si longs qu'on aurait pu les confondre avec des capsules en acrylique rencontrèrent les jambes graciles de la vieille dame.
Étrangement, cette dernière n'hurlait plus. De la même façon, son sang n'irriguait plus ses membres inférieurs. A priori, elle s'était tue à jamais.
Empoignant la couverture entre les griffes de sa main droite, le vampire l'arracha du corps mort de la défunte, celle-ci venant tout juste de succomber à un infarctus du myocarde.
Visiblement, son cœur n'avait pas bien supporté la venue intempestive du maître des lieux. Néanmoins, sa mort prématurée faciliterait la tâche de la créature.
À quatre pattes sur le cadavre, ses mains progressèrent rapidement au niveau de l'oreiller. Ses yeux, de plus en plus habitués au manque de lumière, distinguèrent deux gros yeux globuleux fixés au plafond dans une expression de terreur absolue.
En découvrant la couette épaisse et douce qui conservait son corps à température ambiante, Vlad se rendit compte que deux mains ridées aux veines saillantes s'agrippaient contre sa poitrine décharnée.
Brusquement, deux grosses canines pointues se plantèrent dans la gorge maigrelette. Vlad bu tout son saoul.
Pourtant, lorsque sa mâchoire décrocha sa prise, la faim lui tordait toujours l'estomac.
Moins qu'auparavant certes, mais suffisamment pour que sa nature anthropophage, depuis son réveil oubliée, ne réapparaisse en force.
Sans hésitation, la dentition d'une éclatante blancheur retourna dans la gorge percée de deux petits trous, dont deux filets de sang sombre s'échappaient.
Cette fois-ci, il croqua à pleines dents dans la chair antique de l'ex infirmière avant d'en avaler la peau, les muscles, les tendons et les vaisseaux avec délice. Il réitéra plusieurs fois l'opération : grignotant de plus en plus vers le haut, il fut bientôt gêné par la chevelure – bien qu'éparse – de la vieille dame.
Vlad cracha sa dernière bouchée sur l'oreiller Bleu Calin, le tâchant de postillons écarlates agrémentés de sa propre salive, qui, diluant l'ensemble, lui donnait des reflets rosés.
Son invitée, à jamais dans un sommeil éternel – la bonne patente s'occuperait de nettoyer cette pièce-ci aussi – le maître du logis déguerpit.
La vieille avait hurlé : avec un peu de malchance – et elle lui collait à la peau – son autre client l'avait entendu.
