Queer ~ Chapitre 9

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- Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? questionna inquiète l'obèse polonaise.

Soraya plongea son regard dans celui de Marzanna. Elle pouvait y lire une profonde détresse, qu'elle-même ressentait au plus profond de son être.

Qu'allaient-elles devenir ? Coincées au beau milieu de nulle part, sans téléphone, argent ni rien d'autre leur permettant de communiquer avec le monde extérieur.

Seule une association de malfaiteurs savait où elles se trouvaient.

Petit bémol : celle-ci n'avait pas le moindre intérêt à leur venir en aide. Bien au contraire, elle venait même de leur extraire l'un de leurs organes vitaux.

Pourquoi leur avait-on laissé la vie sauve ? Telle était la question...

Quoi qu'il en soit, Marzanna et sa toute nouvelle copine décidèrent d'un commun accord d'aller se cacher dans le sous-sol du local.

En effet, si par hasard elles venaient à se faire surprendre sur le toit, il serait bien plus difficile pour elles de s'échapper.

Pour ce qui était des entre-deux, à savoir la salle de pause des employés ou bien le bureau du responsable par exemple, elles n'y pensèrent même pas.

Des cachettes bien trop accessibles, voilà ce que les deux femmes en pensaient.

Elles farfouillèrent donc dans le magasin à la recherche d'une pièce exclusivement dédiée aux salariés de la boutique.

En passant devant les cabines d'essayage, Soraya se remémora cette drôle d'histoire ayant pris place en 1969, il y a de cela bien plus d'un siècle.

La rumeur d'Orléans, affaire fictive retraçant soi-disant les enlèvements de nombreuses jeunes filles par des juifs.

Cette pensée n'aida bien évidemment pas la franco-égyptienne à diminuer la pression qu'elle ressentait.

L'insécurité était en effet insupportable, elle avait l'impression que d'une seconde à l'autre, l'injectrice - la fameuse Coline -, la femme à la tenue fort couverte dans le but de préserver le secret de son identité ainsi que les deux mastodontes pouvaient apparaître de derrière n'importe lequel de ces étendoirs remplis de vêtements pour femmes.

Enfin, Marzanna dénicha ce qu'elle et sa camarade d'infortune cherchaient.

Comme c'était souvent le cas, tout près des caisses, une porte simple peinte en bleu foncé comportait un petit panneau sur sa surface sur lequel on pouvait lire « Réservé au personnel ».

La polonaise jeta un regard de triomphe à sa copine, qui se sentit sautiller en son for intérieur.

Enfin un peu de répit. Effectivement, qui donc, quel fou irait donc les chercher là-bas ?

Comme prévu, elles traversèrent un petit couloir menant aux différentes pièces inhérentes aux besoins d'une équipe d'employés.

Mais contrairement à ce qu'elles s'étaient de prime abord imaginées, nulle trace d'escaliers menant aux tréfonds du bâtiment ne se trouvait là.

- Il doit y avoir une autre porte dans le magasin, pensa à haute voix Marzanna avec espoir.

Suivie de sa copine, elle retourna en boutique et de nouveau, chercha un accès similaire.

C'est alors que Soraya comprit.

- Et si on tentait une issue de secours ? proposa-t-elle un brin hésitante.

Marzanna valida la proposition.

Le magasin était relativement grand, les deux jeunes femmes mirent quelques temps à trouver la voie vers le sous-sol, mais en persévérant, elles y parvinrent simultanément.

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