Queer ~ Chapitre 7

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On entendit un grand bang, puis plus rien. Manifestement Marzanna avait réussi a minima une partie de son entreprise.

Avec appréhension, la séquestrée s'approcha de la fenêtre grande ouverte, avant de jeter un coup d'œil à l'extérieur.

Une seconde plus tard, Soraya poussa un long soupir de soulagement. La polonaise obèse s'avérait en parfait état de santé, pas un brin amochée.

- Viens, lui souffla-t-elle à voix basse en lui faisant un geste de va-et-vient de la main.

L'égyptienne hésita. La Peugeot 308 vert pomme sur laquelle elle avait considérablement amorti sa chute disposait à présent d'un profond renfoncement au beau milieu de son toit.

L'esthéticienne n'eut pas le temps de réfléchir beaucoup plus longtemps. Subitement, le son distinct d'une clé déverrouillant une serrure lui signifia que soit elle sautait maintenant, soit elle devenait sujette à des sévices potentiellement encore pires que ceux qu'elle avait déjà connu.

Tel un enfant découvrant les joies du grand bassin de la piscine municipale, elle s'assit sur le rebord de la fenêtre avant de se laisser glisser contre la même poutre que celle sur laquelle les bactéries initialement présentes sur la paume de Marzanna quelques instants auparavant se trouvaient.

Arrivée en bas - la slave l'avait aidée à descendre en douceur - la brune épaisse força son corps légèrement endolori à courir avec elle le plus loin possible de ce qui s'avérait être un immeuble abandonné.

Ni l'une ni l'autre n'étaient capable de connaître l'emplacement du lieu dans lequel on les avait amenées. On aurait dit une ville morte, inhabitée.

Seuls des bâtiments tous plus délabrés et crasseux les uns que les autres décoraient ce lugubre paysage.

Un tantinet essoufflée, Soraya se tourna alors vers sa camarade de fuite :
- Qu'est-ce qu'on fait ? la questionna-t-elle.

Effectivement, courir indéfiniment n'était physiquement pas possible.

Surtout que jusqu'à nouvel ordre, elles n'avaient accès ni à de la nourriture ni à de l'eau potable.

Et ces cicatrices leur faisait de plus en plus mal.

- Je crois qu'on devrait se cacher là-dedans, cracha Marzanna elle à deux doigts de s'écrouler.

La métisse bronzée opina du chef. Il n'y avait de toute manière pas trente-six solutions à leur problème. Et si elles n'étaient pas seules dans ce cauchemar ?

- Sélim, chuchota alors Soraya.

Marzanna ayant été briefée lorsqu'elles s'étaient toutes deux présentées ne fit aucun commentaire. En effet, elles n'étaient sûrement pas seules dans le coin.

Et si elles se trouvaient là en plein délire ? Soraya avait devant ses yeux l'affreuse vision digne d'un film ou d'un jeu vidéo apocalyptique.

Un zombie serait sorti en grognant de l'un de ses innombrables bâtiments qu'elle n'aurait peut-être pas été si surprise...

La polonaise prit donc l'initiative de les emmener dans le bâtiment à l'accès le plus rapide juste après cette courte discussion.

Un ancien magasin de vêtements, dont l'enseigne n'était même plus présente.

Le duo entra discrètement avant de refermer la porte. Marzanna évoqua l'idée de bloquer l'entrée, ce que Soraya accepta.

Quelle mauvaise décision elles venaient d'exécuter.

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