Queer ~ Chapitre 6

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Étrangement, Soraya se réveilla elle ne sut dire combien de temps plus tard dans ce qui paraissait être une petite chambre d'hôtel de bas étage. Le matelas du lit sur lequel on l'avait placée s'avérait trop dur, trop mince, et en plus de ça elle se demanda avec dégoût depuis combien de temps les draps n'avaient pas été changés.

Se relevant doucement avant de quitter la saleté de ce sommier, elle découvrit alors avec un étonnement parfaitement réciproque qu'une seconde personne se trouvait dans cette chambre.

- Qu'est-ce qu'on fait là ? demanda-t-elle spontanément à l'inconnue.

Marzanna et Soraya firent de rapides présentations avant de partager leur expérience respective.

À l'instar de l'enquêtrice en herbe - bien qu'elle s'y soit réellement rendue dans le but de tenter d'améliorer l'aspect de son visage -, la polonaise obèse arborant une jolie bague argentée à l'un de ses pouces vernis s'était rendue dans la cage à poules de l'injectrice.

Tout comme sa nouvelle compagne d'infortune, Soraya avait surpris le nom de cette femme initialement chirurgienne : Coline.

Peut-être était-ce un pseudonyme, quoi qu'il en soit elles tenaient là un début de piste.

Avec horreur, la jeune femme à la queue-de-cheval ébouriffée - qu'elle arrangea alors - se souvint de la raison première de cette curieuse entreprise.

Sélim. Qu'avait-il donc pu lui arriver ?

Sous le coup du stress, pour se rassurer et de manière totalement instinctive, la jeune femme aux origines égyptiennes se massa le bas du dos.

Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'en passant sa main manucurée contre l'un de ses reins, elle sentit une longue et assez épaisse excroissance.

Ses yeux se figèrent soudain. Comprenant que quelque chose d'horrible s'était visiblement déroulé durant leur sommeil, Marzanna se précipita sur Soraya.

Heureusement - ou non - elle s'était changée avant de partir à la rencontre de la voleuse d'organes...

En effet, la cicatrice rouge et boursouflée recouverte par son t-shirt trahissait l'opération qu'elle avait subie.

La jeune femme s'effondra au sol, bientôt suivie par la polonaise qui possédait elle aussi ce vilain défaut, dont la bouchère responsable ne s'était même pas donnée la peine de protéger d'un pansement.

Comme elle, Marzanna avait eu le malheur d'être du groupe sanguin O, celui compatible avec l'organisme de n'importe qui.

Mais qui donc avait pu dénoncer ceci ? Hormis avec ses médecins, on ne parlait pas de ces choses-là...

- J'ai dû le laisser échapper au Java, se rendit alors compte l'esthéticienne dans un sanglot.

Effectivement, chaque détail de la vie ou presque des membres de cette communauté se voyait partager.

Marzanna s'écarta soudain de sa nouvelle connaissance. Faisant les cent pas avec colère, tournant en rond dans sa cellule tel un tigre enchaîné à un poteau afin de distraire les touristes d'un pays pauvre, elle ruminait en cherchant un moyen d'extérioriser ses émotions.

Soudain, elle se jeta sur la porte de la pièce.

Comme Soraya s'en doutait, celle-ci était verrouillée de l'extérieur.

- La fenêtre, pensa alors la femme toute en chair.

Ouvrant la seule sortie accessible, Marzanna découvrit alors qu'elles se trouvaient à peine au deuxième étage du bâtiment.

Jetant un regard vers Soraya, elle passa ensuite une jambe puis l'autre avant de se glisser le long de la poutre qui longeait le mur.

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