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@b85530109 ~ Pinterest
Rubis accueillit sa copine dans sa deuxième chambre de fortune. Là, deux jambes hideuses accompagnées d'une tête assortie, dont le crâne ouvert en son centre laissait s'échapper une coulée de liquides cérébraux mélangés à un sang noirâtre faisaient office d'unique décoration à la pièce. La jeune femme aux cheveux rouges fit signe à son invitée de s'asseoir par-terre.
Ce qu'Aïsha déclina. L'hygiène des lieux ne lui inspirait pas confiance. Elle se demandait comment Rubis, si propre sur elle et sentant le bonbon du début à la fin de sa nuit de travail pouvait se sentir à l'aise dans une telle puanteur souillée d'un sol infesté de sang séché ayant appartenu à de multiples personnalités du monde des affaires - mais pas que.
- T'as faim ? interrogea l'hôte de l'espèce de grotte souterraine. Aïsha hésita. Elle ne voulait pas être dure envers cet être si doux qu'était sa petite collègue. La danseuse nordique savait qu'un repas copieux l'attendait à la maison.
Mais de la même façon, en partager un avec sa copine lui donnait envie. Elle accepta donc, et une Rubis étrangement joyeuse replanta une lame dans la tête abominable de l'ancien directeur de banque. Lorsqu'elle retira l'objet, un jet de liquide d'autant plus important en sortit.
Aussitôt, la danseuse exotique aux cheveux rouges se pencha brusquement puis porta le sommet de ce crâne décoré de cheveux poivre et sel à ses lèvres. Rubis but goulûment. Aïsha se retint de vomir, non pas à la vue de la scène en tant que telle, mais à celle de cet affreux faciès ridé qui la regardait de ses yeux vides et morts.
Rubis écarta la tête de sa bouche. Déjà peinturlurées d'une couche épaisse de rouge à lèvres, leur contour ainsi que leur surface étaient maintenant teintés d'un rouge sombre. Après quoi, elle tendit des deux bras la soupe à son amie.
C'est alors qu'Aïsha révéla sa vraie nature. Lentement, et sous l'œil attentif de l'autre tueuse en série, elle marcha jusqu'aux deux gambettes étendues sur le sol - toujours vêtues d'un pantalon en lin. À la manière d'un enfant grapillant ça et là de la chair sur une paire de cuisses de grenouilles cuites au four, la jolie brune mordilla par-ci par-là la chair vieille et détendue trop peu pourvue de graisse à son goût.
Lorsqu'elle recracha la première fois de son repas le liquide rouge tant convoité par Rubis, qui remarqua qu'à chaque succion opérée par la mâchoire d'Aïsha, la jambe attaquée s'amincissait, la danseuse à la crinière de feu comprit alors.
Laissant tomber la tête répugnante - qui se vida petit à petit de son contenu peu ragoûtant - en se mettant sur pieds, Rubis s'accroupît sur le sol auprès de sa copine, qui détacha sa prise avec un petit sourire. Sans un mot, la vampire de sang partagea son repas avec la vampire de graisse. Quelques instants plus tard, deux membres décharnés s'écroulèrent sur le sol.
Rubis prit le chemin de son appartement et, pour la première fois en trois ans, Déa l'imita.
