Aïsha Kandisha ~ Chapitre 51

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Déa se retourna en première. Là, un routier leur faisait un petit sourire poli, de ceux rassurant deux auto-stoppeuses amateures.

Axelle fit de même avant de chercher le regard de sa copine.

L'homme arrêta son monstre en ferraille au niveau des deux femmes, baissa sa vitre puis leur demanda poliment, sans sembler spécialement envieux d'aider mais plus par pitié si elles avaient besoin qu'on les dépose un peu plus loin.

Afin de jauger ses intentions, Déa fit mine de ne pas être intéressée par sa proposition. Devant le regard interloqué d'Axelle, elle déclina poliment son invitation.

L'homme n'insista pas. Deux secondes plus tard, sa vitre était déjà presque fermée et son véhicule bien en marche.

Cinq secondes après la reprise de son chemin, Axelle lui demanda en criant de s'arrêter.

Déa poussa un soupir, mais au fond elle validait cette initiative. Accompagnée de son amie, les deux anciennes danseuses alourdies par leurs valises se rendirent auprès du gros camion.

L'homme s'était arrêté sur le bas-côté afin qu'elles puissent monter en toute sécurité. Traversant la route de campagne, elles se hissèrent une à une dans le camion disposant de trois places à l'avant, et d'un certain espace à l'arrière.

Il faisait nuit noire, et Déa comme Axelle se seraient menties à elles-mêmes si elles auraient nié la peur qui serrait leur estomac.

L'homme était de forte corpulence, plutôt grand et très barbu. Ses petits yeux porcins étaient bordés de rides et son petit nez de cochon se relevait en trompette à une distance un peu trop proche de ses lèvres roses et minces.

Les deux voyageuses échangèrent peu avec leur chauffeur imprévu. Tout comme lorsqu'elles se trouvaient dans la cave à suivre le nain de jardin, l'une comme l'autre se demanda sans se le partager si agir à la manière de Dagmar en pareil cas ne serait pas la meilleure idée...

À tout moment, l'homme pouvait les agresser en se servant de l'une comme garantie d'obéissance de l'autre...

Toutefois, elles n'osaient pas même échanger un regard. Elles se laissaient transporter comme les vulgaires sacs à patates entreposés dans l'immense conteneur situé à l'arrière.

- Où est-ce que je vous dépose ? demanda enfin l'homme avec un sourire.

Il semblait avenant, pas le moins du monde menaçant. Néanmoins, s'il y a bien une chose que ces deux anciennes danseuses avec intérêts avaient découvert au fil de leur existence de misère, c'est bien qu'elles ne pouvaient se fier à cent pour cent à personne.

Axelle s'adoucît un peu mais pas Déa. D'une voix forte et un peu bourrue, suffisamment grave pour ne pas paraître vulnérable face à cet homme qu'elle ne connaissait pas, elle l'informa qu'il serait fort aimable de les déposer à l'entrée de la prochaine ville.

Celui-ci haussa les sourcils.

- Vous êtes pas du coin ? crut-il deviner.

Ces gamines étaient plus qu'étranges. En effet...

Il accepta la requête non sans cacher sa curiosité.

Elles n'arrivèrent jamais jusque là.

En face, une Cadillac couleur prune fonçait à toute vitesse sur la route, sans se donner la peine de respecter la limite des lignes tracées au sol et encore moins celle de la vitesse réglementaire.

Subséquemment, le routier fit une embardée afin de l'éviter qui les projeta alors brusquement et rapidement dans un fossé.

L'accident ne dura qu'un instant, le chauffeur lui même se fracassa la tête contre un arbre et évacua à la suite de cela sa cervelle avant même qu'Axelle ne réalise que Déa avait cessé définitivement de respirer.

~ Fin ~

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