La balle partit d'un coup sec. Une fraction de seconde plus tard, le fermier fut projeté en arrière, un trou en plein milieu de sa cage thoracique.
S'écroulant sur le sol, il émit quelques respirations saccadées, avant de succomber dans un râle qui n'était pas sans rappeler celui poussé par Stanislas quelques mois auparavant.
Sous les yeux stupéfaits de ses enfants, Kalinka s'approcha précautionneusement du généreux donateur. Posant une botte boueuse sur le torse troué du fermier, elle inclina légèrement son propre buste en avant, l'arme sous le bras droit.
Puis enfin, à quelques centimètres de son visage ridé, elle tira une dernière fois. En plein front.
Mieux valait pour eux qu'ils soient précautionneux...
Bianca, son frère et sa mère firent l'état des lieux avant que cette dernière n'aille s'occuper du corps qui sinon, serait bientôt en train de pourrir juste sous la fenêtre de leur nouvelle cuisine.
Car la ferme était vide. A contrario, le congélateur, les placards, la cave, le réfrigérateur et même le four, plus que remplis.
De plus, une flopée d'animaux vivaient là : à peine le repas terminé, Iñaki partit avec sa sœur jouer avec les lapins.
Leur mère quant à elle, s'amusa à un tout autre jeu avec le berger australien, découvert par hasard dans la porcherie puante...
Le reste de la journée se passa en paix. Chacun pu même prendre une douche – hebdomadaire en temps normal – et se coucher dans des draps propres.
Et sous un toit.
Kalinka décida que tous trois dormiraient dans le grand lit de la chambre principale, par sécurité. Et l'arme sous le sommier, au cas où un intrus viendrait les déranger.
À leur réveil, ni Bianca ni Iñaki ne perçurent la trace de leur mère. Matinale par habitude – forcée – celle-ci devait sûrement être occupée à cuisiner ou encore à récupérer les œufs au poulailler.
Bientôt, le son de bottes glissant sur les marches en bois rustique atteignirent leurs oreilles. Par réflexe, Bianca passa la main sous le lit à la recherche du fusil.
Évidemment, Kalinka avait quitté la chambre avec.
Poussant un juron à voix basse, Bianca remarqua qu'au bout de la pièce illuminée par le soleil, dont l'éclat perçait les rideaux vert pomme, une immense armoire trônait contre l'un des murs parallèles de la pièce.
En apercevant la clé insérée dans sa serrure, l'adolescente – tout en prêtant attention aux pas qui se rapprochaient – ordonna à son frère de sortir du lit.
Rapidement, elle lui expliqua ce qu'ils devaient faire. L'enfant acquiesça nerveusement, entra dans l'armoire chargé de vêtements d'homme à la retraite avant que sa sœur ne l'y enferme.
À clé.
À peine eut-elle rangé l'objet dans sa poche que la porte de la chambre s'ouvrit avec fracas.
Un homme de forte corpulence, à l'uniforme bien trop familier apparu dans l'embrasure avec un sourire carnassier.
Bianca hurla, plus dans le but d'interpeller sa mère que par peur.
Au rez-de-chaussée, aucun bruit ne lui parvenait. L'adolescente se mit soudain à questionner l'hypothèse qu'elle et son frère étaient désormais livrés à eux-mêmes...
Alors qu'elle reculait, à la recherche d'un arme de substitution – son dévolu se porta sur une lampe de chevet – la silhouette féminine de Kalinka surgit en un éclair dans le dos de l'homme.
D'une balle dans le dos, le garde s'écroula, mais tout comme avec le malheureux fermier, la veuve s'assura d'un tir dans la nuque que sa besogne était achevée.
Bianca sauta alors au cou de sa mère, puis planta ses yeux bleus dans ses iris noirs.
Seule trace sombre sur son visage pointu, au front haut, ses yeux contrastaient nettement avec la pâleur de son visage.
Kalinka allait lui demander où était son frère quand des tirs traversèrent la pièce.
Contrairement à ce qu'elles pensaient, le garde n'était pas seul.
Paniquée, elle ordonna à sa fille de sauter avec elle par la fenêtre. Ignorant le refus de Bianca, Kalinka la poussa doucement de manière à ce qu'elle glisse contre le gros tuyau qui longeait le mur de la maison.
À peine atterri-t-elle sur la terre ferme que les pieds de sa mère effleurèrent sa tête.
- Dépêche-toi, lui siffla-t-elle.
Son arme sous le bras, Kalinka attrapa brusquement le bras de sa fille, qu'elle tira en courant vers les bois.
En arrivant derrière les buissons, toutes deux s'étonnèrent de l'absence de tirs des gardiens.
En outre, en tâtonnant sa poche, Bianca constata avec horreur que la clé de l'armoire, où l'attendait son petit frère, en avait glissé.
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Vantablack
HororVoici un recueil d'histoires d'horreur inspirées pour la majorité d'entre elles d'une légende urbaine, d'un fait divers ou bien d'un mythe.