Les griffes du wendigo effleurèrent les talons en mouvement de Wandrille, qui s'époumona à un volume tel qu'à coup sûr, Thibault et Ambroise, s'ils se trouvaient en cet instant éveillés, n'avaient pu l'ignorer.
Que faire ? Il disposait bien de son téléphone portable, bien rangé dans une poche de son pantalon cargo couleur sable, néanmoins il craignait de perdre trop de temps, entre le moment où il se saisirait de l'objet et celui où il passerait un appel décisif.
Pour appeler qui d'ailleurs ? Thibault, Ambroise ou les urgences ? En ce qui concerne les dernières, hélas elles ne pourraient pas faire grand-chose pour le moment...
Prévenir ses amis par contre disposait d'une utilité certaine : ainsi ils pourraient peut-être - en imaginant que la bête, après s'être éventuellement occupée de lui-même au préalable ne se lance pas à leur poursuite - fuir cet épouvantable danger.
Bien que conscient qu'il disposait de très peu de chances de s'en sortir, Wandrille ne se décourageait pas totalement. Pour preuve, le jeune employé en logistique continuait sa course effrénée, malgré le fait que contrairement à la bête, lui s'épuisait.
L'adrénaline le maintenait en vie, lui omettant les signaux de fatigue qu'il aurait ordinairement ressenti lors de pareil effort physique.
Cependant, ce dopage naturel avait des limites. Bientôt, Wandrille risquait bien de tout bonnement s'effondrer, son rythme cardiaque s'avérant de plus en plus intense sous l'effet du stress physique mais surtout nerveux.
Le monstre paraissait réellement jouer avec sa cible, s'amusant à le frôler, voire l'effleurer, avant de le laisser regagner un peu de distance entre leurs quatre pieds, puis rebelote.
La tension était insupportable, Wandrille ne pouvait prévoir à quel instant la chose allait décider de se jeter sur lui.
Chaque seconde de sa vie, dans son esprit, n'était qu'un peu de terreur ajoutée au long film de son existence.
À moins qu'un chasseur ne passe miraculeusement par là et abatte la créature légendaire - ce genre de spécimen disposait-il en temps normal de prédateur ? - le vacancier ne voyait absolument pas comment il pourrait se sortir de cette abominable impasse.
Durant une fraction de seconde, il eut même l'idée d'abréger sa souffrance psychologique en se laissant délibérément dévorer par la chose. De s'arrêter, s'allonger sur le sol puis laisser l'animal faire ce qu'il lui plairait avec sa chair.
Qu'il le dévore, l'écorche ou quoi que ce soit d'autre, mais que cette scène invivable prenne fin pour de bon.
La suite était relativement prévisible, Wandrille et son chasseur surnaturel se trouvant en effet là au beau milieu de la nuit dans une épaisse forêt.
Sans crier gare, un énorme chêne se posta sur son chemin avant d'y mettre un terme définitif.
Le choc fut si brutal qu'il n'en ressentit aucune douleur. Son crâne se cogna brutalement contre le large tronc de l'arbre à feuillage caduc.
Subséquemment, le jeune homme tomba au sol, mort. Wandrille courait jusqu'ici à très vive allure, sans le savoir puisqu'il n'u voyait rien ou presque il s'était littéralement jeté contre le colossal chêne pédonculé qui lui barrait la route.
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Vantablack
HorrorVoici un recueil d'histoires d'horreur inspirées pour la majorité d'entre elles d'une légende urbaine, d'un fait divers ou bien d'un mythe.