Il était étrange pour pareille créature des ténèbres d'être frappée par l'émotion à la vue d'une scène de crime. Après tout, de combien elle-même en était-elle l'autrice ? Le souci concernant celle-ci - la scène se situant sous ses yeux - portait en ce que Déa se sentait elle aussi en danger.
Manifestement, une créature féroce et meurtrière à souhait agissait dans les parages. Sans compter son voyage avec Axelle - le stress la saisit en se souvenant qu'avant l'aube, elle devait trouver de quoi nourrir le clan de Grégory - elle venait déjà, en à peine quelques heures, de croiser un ogre et des zombies.
Quelle monstruosité pouvait donc se cacher là ? À cet instant, Déa comprit pleinement pourquoi nul être n'osait cambrioler pareille demeure. Elle n'était pas du coin donc ne risquait pas beaucoup de le savoir, par contre tout habitant des environs était au courant que tout intrus pénétrant dans cette luxueuse propriété n'en ressortait jamais.
Toutes sortes de rumeurs couraient sur le sujet, un producteur avait même eut l'idée d'en faire un film. Quoi qu'il en soit, ce manoir était considéré par tout le monde comme étant hanté. Ce que Déa n'avait pas encore deviné cependant, c'était que sa venue dans ce jardin et pas un autre n'avait rien d'anodin.
Dans son sang baignait en effet une minuscule puce, pas plus grosse qu'un virus, injectée à son insu par Kagel elle-même afin que jamais sa petite protégée et lui ne soient séparés. Bien évidemment, jamais l'homme d'affaires n'aurait pu deviner que sa belle-fille dans lequel il avait tant investi - ce que financièrement, elle lui avait rendu au centuple - n'abatte froidement sa propre mère et tente de lui faire connaître le même sort.
De ce mouchard, des êtres paranormaux en avaient extrait la position exacte de Déa. Traquée sans le savoir, la jeune femme n'allait avoir d'autre choix que d'affronter un être bien plus effroyable et cruel que Kaël Kagel pouvait l'être.
Les yeux braqués sur les traînées de sang encore luisantes dans la nuit noire, son attention se dirigea ensuite dans son dos lorsqu'un léger craquement la fit sursauter.
Avec lenteur et sachant pertinemment que ce son n'augurait rien de bon, la danseuse se retourna enfin. Un instant plus tard, elle poussa un cri si effroyable qu'au sein d'un quartier normal inhabitué aux hurlements d'horreur en provenance d'un emplacement en particulier, tout le voisinage se serait précipité sur son téléphone afin d'appeler quelqu'un pour la sauver.
Au-dessus de la rambarde entourant les escaliers, une jeune femme aux longs cheveux noirs et ondulés croquait à pleines dents dans l'enveloppe décharnée de la misérable Scarlet Cheetah.
Les pupilles dilatées sous l'effet de la peur, Déa voyait quasi nettement sa belle tête entièrement refaite par un chirurgien réputé se balancer d'un côté et de l'autre en écartant de plus en plus la plaie béante qui rongeait sa gorge.
La danseuse ne se souvenait pas d'avoir tant blessé le cou de cette femme. C'est alors qu'elle interpréta à raison que l'inconnue lui avait brisé la nuque.