En un an, sa vie avait changé du tout au tout. Contemplant d'un air ébahi ses mains aux longs doigts fins ornés de bagues, l'homme découvrit avec stupeur que leur pâleur n'avait d'égale que leur absence de chaleur.
Il étouffa un cri. Tout doucement, Vlad releva son buste des couchettes de son grand lit à baldaquin puis constata avec fureur l'absence de boisson sur la table de chevet. La faim lui tordait l'estomac. Cependant, il était au courant que parfois, la sensation de soif imitait celle de l'envie de s'alimenter...
Le géant filiforme dirigea ses longues jambes maigrichonnes, enrobées dans une sorte de peignoir long, dont le bas effleurait légèrement le marbre de la pièce à chacun de ses pas, vers la petite pièce qui jouxtait celle dans laquelle il se trouvait.
Là, des bouteilles en verre sombre et opaque s'alignaient à travers la vitrine qui protégeait les étagères d'une gigantesque armoire. Vlad en saisit une avec précipitation. Ses besoins vitaux affolaient tellement ses sens qu'il ne se donna même pas la peine de verser le liquide rouge foncé et visqueux dans une coupe à champagne comme à l'accoutumée.
Au lieu de ça, il vida le contenu du récipient en quelques longues gorgées à même le goulot, tel un coureur à la fin d'un marathon. Puis brutalement, il posa la bouteille désormais vidée de sa substance avec une telle force que celle-ci se fissura.
Vlad ignora ce détail. La bonne à tout faire s'en occuperait...
Comme boire avait attisé son appétit, l'homme ouvrit précipitamment les placards un à un. Déçu, il ne trouva rien d'appétissant à se mettre sous la dent...
Chose étrange, Vlad était incapable de se remémorer quoique ce fut de précis datant d'avant son réveil. La bonne, il supposait son existence car il s'imaginait mal faire soi-même le ménage dans ce qui semblait être un assez vieux et vaste château.
Encore plus perturbant pour l'homme exsangue, il se trouvait dans l'incapacité d'expliquer comment une bouteille remplie d'un liquide exquis aux arômes suaves et gorgé de vitamines avait atterri ici, dans sa cuisine.
Cuisine étant un bien grand mot pour ce garde-manger dénué de plaques chauffantes et de four : seul un micro-ondes trônait au-dessus d'un meuble bas laqué.
Son instinct de survie refusant de le laisser mourir de faim, Vlad se dirigea sans le savoir vers une proie bien vivante, au sang chaud et, par chance – pour le vampyr – physiquement assez proche de lui.
Sans que son esprit conscient n'ait à s'en préoccuper, son inconscient le dirigea, à la manière d'un limier traquant un lièvre, vers la tanière de sa première proie de la sorgue.
Quelques instants plus tard, la porte s'ouvrit en grand. Le grincement qui l'accompagna sortit la vieille dame emmitouflée dans des draps en soie de son sommeil.
Dans l'encadrement de la porte, une silhouette aussi longue et fine que le Slenderman la fixait telle une bête sauvage fixant son repas.
La porte en bois ancienne couina de plus belle lorsque l'homme pénétra dans la chambre de l'hôte. D'un léger coup de pied, il s'enferma avec cette dernière.
Plongés dans la nuit noire, la vieille dame hurla lorsque le second claqua le sol de ses pieds plats.
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Vantablack
HorrorVoici un recueil d'histoires d'horreur inspirées pour la majorité d'entre elles d'une légende urbaine, d'un fait divers ou bien d'un mythe.