Aïsha Kandisha ~ Chapitre 49

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Dans le silence de la grande maison de campagne, seuls les bruits de succion des deux consommatrices de liquides humains rompaient le calme ambiant.

Pour Déa, ç'avait été dans un premier temps encore plus pratique de se nourrir que pour sa copine.

En effet, la brune avait commencé par se servir dans le petit tas de graisse abdominale.

Depuis le temps que le corps avait été attaqué, l'apparence de l'homme mort s'apparentait de plus en plus visuellement à celui d'une vieille carcasse sous-alimentée, atteinte du scorbut.

Enfin, et presque simultanément - à quelques dizaines de secondes près - les vampirettes clôturèrent leur repas.

Elles échangèrent un regard, l'une le bas du visage gorgé de graisse, l'autre la bouche et ses pourtours décorés de rouge.

Puis partirent se nettoyer dans la salle-de-bains où, comme les deux anciennes étudiantes s'en étaient doutées, leur chauffeuse s'était débarbouillée.

Effectivement, dans la baignoire d'un blanc immaculé au robinet légèrement rouillé, un long et épais tablier dont on devinait à peine qu'il avait initialement été teint en brun clair se voyait presque complètement recouvert de sang.

- Qu'est-ce qu'on devrait en faire à ton avis ? interrogea Déa dubitative.

Si elles le jetaient dans une poubelle normale et qu'il était retrouvé, la possibilité que l'on remonte jusqu'à elles n'était pas à éliminer.

- On pourrait le brûler? proposa alors Axelle. C'est pas l'espace qui manque ici...

L'idée parut un instant bonne à la fille d'Aura, puis finalement elle changea d'opinion.

Effectivement, comme elle l'expliqua à sa copine, le feu risquait d'attirer l'attention. On ne sait jamais, un ami, un collègue, un partenaire commercial ou autre pouvait se pointer...

- Tu proposes quoi alors ? murmura la douce fille aux cheveux écarlates, légèrement vexée que son idée ait été rejetée.

Déa se laissa quelques derniers instants de réflexion avant de le lui annoncer.

- On va les enterrer tous les deux, planifia-t-elle. Lui et le tablier de Dagmar.

Axelle sembla accepter cette alternative qui, il est vrai, surtout si elle était effectuée la nuit, serait bien plus discrète que d'allumer un feu de longues heures...

D'autant plus aussi près de plantations.

Alors que Déa laissait Axelle se débarbouiller en première, celle-ci se tourna alors vers elle afin de lui poser la question que toutes deux se demandaient toujours :

- Tu crois vraiment qu'on doit attendre Dagmar ? Je veux dire, pour partir ?

Remarque pertinente pour l'ancienne apprentie biologiste aux cheveux naturellement rouge vif.

Déa la remplaça devant le lavabo, nettoya sa figure à l'aide d'un savon au lait d'ânesse qui se trouvait là puis, en s'essuyant le visage sur la serviette propre qu'Axelle venait tout juste de sortir d'un placard, elle lui répondit enfin :

- Je sais pas encore, dit-elle simplement. D'abord on s'occupe de nettoyer ça, ensuite on verra.

Axelle acquiesça. Il était encore tôt, néanmoins plus l'heure avançait, plus la crainte de Kagel se faisait sentir.

Et si l'homme les retrouvait ? Que pourrait-il se passer de pire, qu'il les force à travailler pour lui de nouveau, ou qu'il les punisse une bonne fois pour toutes ?

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