Il se passe la main dans les cheveux.
Puis décide de sortir de la pièce en caressant sa barbe naissante, l'air songeur.
À quelques mètres de lui, la longue chevelure d'un blanc aux reflets argentés de l'homme étendu sur le canapé ondoie sur les cellules grises capitonnées.
Le premier se dirige vers la salle-de-bains.
Une fois déshabillé, il plonge sous un jet d'eau puissant et agréablement brûlant.
Ses muscles se détendent, tandis que le receveur de douche ordinairement blanc orcalis se teinte de grenadine.
L'homme sifflote.
Sa douche dure une bonne demi-heure, avant que celui-ci ne se décide enfin à en sortir.
Il saisit le grand linge cramoisi en microfibres suspendu sur le porte-serviettes avant de tamponner doucement l'entièreté de son corps.
L'individu s'habille lentement.
Une fois le recouvert de vêtements propres et dénués de sang, il s'affaire à peigner longuement et soigneusement sa chevelure raide et souple.
Enfin, il pousse un sonore soupir de lassitude.
Il ouvre la porte de la salle-de-bains et rejoint l'homme assit sur le canapé.
Une fois la télévision allumée, l'homme à la chevelure d'un blanc argent se met à fixer l'écran pixellisé coloré sans cligner des paupières.
L'autre, tout propre, n'y prête pas attention.
Entre-temps, il attrape un paquet de chips entamé qui traîne sur la table basse, puis engloutit machinalement une à une les rondelles de pommes de terre croustillantes.
Le mangeur propose finalement son encas à son invité en lui tendant le sachet, la bouche pleine.
L'homme ne fait même pas semblant de le remarquer : il l'ignore tout bonnement.
L'hôte hausse ses épaules larges et développées d'étonnement en même temps que ses sourcils bruns.
Après quoi, il passe une nouvelle fois sa main – celle dénuée de sel et d'huile – dans sa chevelure mouillée, la décoiffant partiellement au passage.
La soirée touche à sa fin.
L'hôte baille, la bouche grande ouverte avant de se lever.
Le second ne l'imite pas.
Soudain, ce dernier s'écroule sur le canapé.
Son hôte entendit distinctement la masse frapper son canapé molletonné gris apus au moment où ses longues jambes atteignaient la sortie de la pièce.
Quelques instants plus tard, il revient avec une couverture bien épaisse.
Il fait si froid, en ce long mois de décembre.
Il aide ensuite son invité à se coucher.
Tout d'abord, l'homme bien en forme remonte son tronc déjà étendu sur le meuble à celui bien fatigué.
De cette manière, il est donc confortablement installé pour la nuit.
L'hôte est plutôt fier de lui : les longs pieds chaussés de bottes noires de son convive sont bien rassemblés contre l'un des dossiers du canapé.
Pour parfaire son sommeil, il décide même d'éteindre la télévision.
Lui, pas encore endormi, occupe l'autre extrémité de la banquette, son corps large presque trop serré au fin fond du gigantesque canapé.
Brusquement, une envie de sucré affole son cerveau.
L'homme lève son corps fort et musclé – en prenant bien garde de ne pas réveiller son invité – puis rejoint le coin le plus chaud de la pièce.
Là, un feu crépite doucement dans l'âtre de la cheminée.
Sur une petite table disposée juste à côte, un petit goûter attend d'être dégusté.
L'homme attrape un petit gâteau cuit le matin même dans son propre four du bout de ses longs doigts fins.
En croquant dans un premier biscuit, celui-ci aperçoit le couvre-chef de son convive.
Bien que le liquide ait séché, il constate qu'une trace grenat recouvre son plancher lustré.
Tout en engloutissant son verre de lait, l'hôte plonge son regard glaçant dans les yeux vitreux et fixes renvoyés par l'écran de sa télé.