L'espèce de cave sentait mauvais, un mélange d'humidité et de déchets ménagers en décomposition.
En marchant, les deux jeunes femmes écrasaient parfois une pauvre souris, qui se mettait à couiner de douleur avant de fuir en bondissant.
Leur priorité était donc de se cacher. Néanmoins, la difficulté était de trouver où, et surtout pour combien de temps ?
Et comment se nourrir, trouver de quoi boire, puis s'enfuir ?
La peur empêchait à ces deux têtes bien faites de fonctionner correctement. Marzanna et Soraya entendaient dans leur esprit le son des claquements des talons hauts et fins claquer contre le béton, se revoyaient sur le lit...
Elles avaient beau tourner et retourner la situation de tous les côtés, nulle échappatoire ne leur venait en tête.
Peut-être était-ce tout simplement la fin ? Leur destination finale, ou quelque chose comme ça ?
En s'enfonçant profondément dans la salle souterraine, qui avait servi un temps à héberger divers groupes de sans-abris, Marzanna commença tout doucement à comprendre qu'elles se mettaient de plus en plus en danger, contrairement à ce qu'elles avaient initialement pensées.
Là, aucune issue ne semblait se montrer. La polonaise avait en effet espéré traverser cette zone abandonnée jusqu'à arriver dans quelque souterrain d'une ville habitée.
Toutefois, en cet instant, elle avait la très nette impression que leur périple allait se dérouler ad vitam æternam.
Soraya mit finalement un terme à ce lourd silence en posant une question quelconque :
- Tu crois qu'on risque de croiser quelqu'un d'autre ? Perdu comme nous ?Marzanna haussa les épaules dans le noir. Se souvenant que sa copine ne risquait pas de l'avoir observée, elle énonça le fond de sa pensée à haute voix :
- Je crois pas qu'il y ait encore quelqu'un d'autre de vivant à part nous, avoua-t-elle d'une voix blanche.
Après quoi elle se retint de se mettre une grosse tape sur la joue. En effet, Marzanna se rappela soudain de l'existence de Sélim...
Soudain, on entendit au loin le bruit sourd mais tout de même perceptible pour des bêtes traquées de chasseurs entrant sur leur territoire.
Les armoires à glace. Elles étaient là, elles les avaient retrouvées, ni Soraya ni Marzanna n'eurent besoin de le signifier à sa camarade de fuite.
- Cours, dicta soudain cette dernière à l'esthéticienne d'une voix pressée.
À la fois dans le but d'économiser leurs forces mais également de faire le moins de bruit possible, les deux jeunes femmes se ruèrent en avant en effleurant à peine le sol à chacune de leurs foulées.
La terreur était atroce, insupportable. C'était comme si peu importe le choix qu'elles décideraient d'opérer, la moindre décision aussi ingénieuse soit elle qu'elles prendraient ne pourraient les sortir de cette situation dramatique.
Essoufflée et assoiffée, Soraya buta alors contre la première marche d'une série d'escaliers.
Elle informa sa copine de sa trouvaille, qui revint légèrement en arrière avant de sauter sur cette nouvelle opportunité de fuir.
Car dans leur dos, à certes plusieurs centaines de mètres mais tout de même, les deux armes de guerre ne cessaient leur traque, bien décidés à récupérer ces deux reins bien frais avant que leurs réceptacles ne rendent l'âme.