Soraya eut beau réfléchir, elle ne sut pas tout de suite vers où orienter ses recherches. Puis soudain, elle se rappela qu'en 2100, tout était répertorié sur internet pour quiconque savait chercher.
Dans un premier temps, elle se connecta sur Face de Bouc afin d'éplucher les posts récents comme plus anciens de son ami. Rien d'alarmant, Sélim ne postait aucun contenu laissant entendre que sa santé physique ou mentale déclinait.
Après quoi, elle passa à son compte Instagram et soudain, une idée lui vint à l'esprit. Et si elle enquêtait du côté des interactions envers Sélim comme de Sélim, au lieu de courir après une inexistante publication annonçant un voyage, une maladie, une rencontre...?
D'autant plus, pensa-t-elle tout à coup, qu'au vu de la volubilité inhérente au jeune homme, il en aurait certainement parlé de lui-même au salon.
La voilà telle une misérable stalkeuse en train de farfouiller parmi les likes et autres commentaires écrits comme reçus de son ami disparu. C'est alors que Soraya trouva enfin quelque chose.
Un mystérieux utilisateur likait systématiquement tout post publié sur son profil, et réciproquement, Sélim s'enthousiasmait du travail opéré par cet inconnu.
En se rendant sur la page de ce dernier, quelle ne fut pas la surprise de Soraya de découvrir que son ami avait effectué une publicité pour une personne exerçant le métier d'injectrice. Elle le voyait là, maquillé telle une poupée Barbie sur ce drôle de compte faussement médical promouvant l'exercice illégal de la médecine.
Visiblement, le coquet Sélim n'avait pas été bien mis au courant des risques que cette opération de médecine esthétique comportait...
Quoi qu'il en soit, sa bouche boursouflée et peinturlurée de gloss rose bonbon était épinglée sur le compte en question.
Soraya eut alors une idée. À sa connaissance, personne de son entourage - pas même au Java - n'avait entendu parler du projet Boustiflor de Sélim. Et si elle-même approchait celui ou celle qui, aux dernières nouvelles, avait rencontré ce dernier ?
En effet, le connaissant et maintenant qu'elle y réfléchissait un peu plus en profondeur, il n'était pas à exclure qu'il cache ce genre de procédé afin d'en faire au final la surprise.
Néanmoins, même si des lèvres injectées mettaient plus ou moins une semaine à dégonfler, il aurait tout de même durant son temps de mini convalescence été présentable...
La théorie ne se tenait pas, Soraya revit dans son esprit son mauvais pressentiment couplé à sa certitude que la personne ayant effectué ses injections sauvages en savait plus qu'elle et tout le Java réuni.
Bientôt, la jeune femme injustement recalée quelques heures plus tôt d'un casting pour une publicité de maillots-de-bain envoya un simple message à la fausse docteure.
Celle-ci se prétendait esthéticienne, et assurait avoir reçu une formation par le biais d'un chirurgien reconnu.
Soraya se moquait de cette biographie probablement enjolivée et parsemée de mensonges éhontés : tout ce qui l'intéressait à cet instant était de retrouver le jeune homme filiforme.
Elle ne parla de son enquête à personne. De toute façon, au Java, personne ne prenait sa disparition au sérieux.
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Vantablack
HorrorVoici un recueil d'histoires d'horreur inspirées pour la majorité d'entre elles d'une légende urbaine, d'un fait divers ou bien d'un mythe.