Déa resta bouche-bée face à la scène de sa mère croquant et buvant avidement dans la gorge d'un garçonnet.
Elle posa ses valises à l'entrée avant de se diriger vers la salle-de-bains. En temps habituel, en dehors de la chasse, seul un bon bain chaud rempli de bulles savonneuses lui permettait de lui vider la tête.
- Je mets tes valises dans ta chambre, l'informa presque tendrement l'homme qui avait remplacé Massen par Kagel après son prénom peu après leur déménagement.
Une fois son visage et ses dents nettoyées, la jolie danseuse aux longs cheveux bouclés se glissa dans la baignoire pleine, puis une fois allongée de tout son long, elle ferma ses yeux avant de remettre de l'ordre dans ses pensées.
Les derniers événements avaient le mérite d'avoir été bien plus excitants que son maussade quotidien habituel et dégradant. Vivre en volant, tuant et parasitant n'était peut-être pas si mal, de ce point de vue là Déa enviait plus ou moins Dagmar.
Toutefois, contrairement au parasite de Gabriella, à sa place elle choisirait un lieu de vie bien plus agréable, propre... comme un manoir luxueux par exemple.
À ce sujet-là, qu'avait donc pu vouloir dire la femme avec qui elle avait partagé son dernier repas naturel au sujet de son intrusion dans l'immense demeure ? Qu'elle la laissait partir cette fois-ci ?
Déa devait-elle en conclure que si elle revenait, l'autre la tuerait ? Probablement...
Quoi qu'il en soit, il était hors de question pour la petite nordique encore en lien avec Kaël Kagel de laisser sa copine dans cet affreux boui-boui crasseux tenu par un ogre, protégé par des morts-vivants et fréquenté par toute une communauté d'abominations.
Sur ce point, l'ancienne étudiante en droit se demanda ce que son beau-père dirait si elle tentait d'en apprendre plus sur ses origines.
Premièrement, qui pouvaient bien être ils ? Nul ne l'avait informée, jusqu'à son rapprochement avec Axelle et d'autant plus depuis cette courte escapade à Orlando, que d'autres espèces déviantes de l'être humain vivaient sur Terre...
Son estomac gargouilla alors. Elle avait refusé la bouteille de graisse fournie par Kagel lors de leur voyage en avion, mais maintenant la faim commençait à lui tordre l'estomac.
La petite nordique termina donc sa toilette, passant un temps fou à décrasser son épaisse chevelure, globalement déjà nettoyée - ainsi que son corps - avant le retour en avion, mais qu'elle avait l'impression d'avoir toujours souillée.
Un instant plus tard, le corps séché et enveloppé uniquement d'une serviette de bain toute blanche, Déa s'affairait à démêler et former ses belles boucles qui trahissaient de lointaines origines maghrébines.
Encore quelques dizaines de minutes et la voilà sortie de la pièce, se dirigeant vers son immense chambre qui rivalisait presque avec celle d'une princesse.
Son énorme lit à baldaquin disposait à ses pieds de ses deux énormes valises.
En effectuant le rangement de leur contenu, Déa constata que Kagel ne s'était même pas donné la peine de récupérer son argent.
De toute manière, une bonne partie avait pour source l'exploitation de sa belle-fille et de sa copine complice...
