Aïsha Kandisha ~ Chapitre 18

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Les hurlements de terreur d'Axelle couvrirent quelques instants ceux de colère de Déa. Celle-ci venait en effet de recouvrer ses esprits, et vociférait maintenant contre le petit ogre. Le nain de jardin la regardait calmement, d'un air presque amusé, tandis que la jeune femme relâchait ses nerfs.

Lorsqu'elle se fut calmée, elle se releva d'un bond, non sans ignorer la main mollement tendue du petit monstre. Ce dernier eut le toupet de lui demander si elle souhaitait savoir ce qui allait arriver à sa copine. Tel un chien, Déa découvrit les dents comme pour grogner.

Grégory lui expliqua alors. Son groupe avait besoin de chair. Pour trouver cette précieuse matière première dont lui, son clan et leurs laquais les zombies avaient besoin pour survivre, quelqu'un devait aller chasser.

Révoltée à l'idée de se faire exploiter de la sorte - en plus par un adolescent - Déa allait lui répondre avec agressivité mais son interlocuteur lui présenta un argument de taille.

Si elle refusait, Axelle connaitrait un sort plus ou moins similaire à celui connu par le pauvre homme qui trainait toujours sur le sol au fin fond du tunnel menant à leurs galeries.

Déa déglutit avec difficulté. Elle venait de mettre fin à une forme d'esclavage - celle subie par son beau-père - pour, en tentant de clôturer définitivement ce genre de situation, en être confrontée à une seconde.

Néanmoins, il est vrai que dans le fond, celle-là ne lui déplaisait pas... Après tout, traquer, jouer avec la viande, puis l'abattre et enfin - éventuellement - l'équarrir était en temps normal une activité qui était loin de lui déplaire.

Grégory la dévisagea d'un air triomphant. Il avait compris qu'il avait gagné : jamais la fuyarde ne supporterait que sa copine succombe, d'autant plus d'une manière aussi évitable qu'elle seule disposait du pouvoir d'éviter.

Prenant sans qu'ils en aient conscience un couple de rats comme témoins de leur accord, il fut décidé là, entre la vampire suceuse de graisse et l'ogre quasiment immortel, auprès d'une série de poubelles, que Déa ferait office de chasseuse pour un clan d'ogres.

Leur maillon faible ne les avait bien sûr pas encore prévenus qu'il avait trouvé pour sa sale besogne un nouveau remplaçant.

En effet, cette tâche était plus que dangereuse : l'attitré se voyait confronté à une multitude de risques allant de l'incarcération - se terminant généralement à l'isolement dans un hôpital psychiatrique en raison de leur drôle de régime alimentaire - au décès pur et simple.

C'était ce qui était arrivé à son oncle maniaque Oleg, placé en hôpital psychiatrique soi-disant pour des troubles psychiques : un passant l'avait découvert en train d'éventrer avec une lame fine et effilée le ventre rebondi d'une aide à domicile.

Trop préoccupé par l'hygiène de son corps menacée par son labeur, l'homme perdait à chaque chasse un temps fou à saisir, paralyser, neutraliser puis in fine abattre sa proie.

Le souci étant qu'à chacune de ces étapes, tout au long du processus, le risque que la bête s'enfuit, voire que quelqu'un surprenne la scène s'avérait de plus en plus élevé.

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