Ambroise se réveilla soudain. Dehors, un cri perçant brisait le silence à peine interrompu par-ci par-là par quelques insectes et oiseaux, ainsi que par les piétinements de gros sangliers.
- Hé ! fit-il en secouant son ami allongé sur la couchette à côté de lui.
Allumant la lampe torche de son téléphone, Ambroise récolta les marmonnements grincheux de Thibault lorsque la lumière froide attaqua ses yeux.
C'est alors qu'il découvrit la troisième couchette remarquable par sa vacuité.
- Où est Wandrille ? demanda Ambroise d'une voix aussi blanche que l'était la lampe torche de son iPhone.
Là, Thibault émergea enfin. Son ami évoqua avec lui les hurlements terribles dont il avait été témoin.
- Tu crois qu'on devrait y aller ? l'interrogea Thibault, conscient du danger.
Ambroise le fusilla du regard un instant, méprisant ce qu'il considérait comme de la lâcheté. En conséquence de sa contenance, l'autre sentit le besoin de se justifier :
- Je voulais dire, nous-mêmes, précisa-t-il vexé d'avoir été pris pour un simple couard.
Bien sûr que si ces exclamations de terreur provenaient de leur ami, ils devaient venir à son secours. Cependant, Thibault estimait qu'il était inutile de se mettre eux aussi en danger inutilement.
L'expression d'Ambroise s'éclaira sous l'effet de ces explications. Durant quelques instants, les deux campeurs restants échangèrent afin de peser le pour et le contre : fallait-il oui ou non se rendre auprès de Wandrille ?
Et déjà, où était-il précisément ? La forêt était broussailleuse, épaisse et visiblement peuplée par bien pire que de simples faisans et cervidés...
- Les cris venaient d'assez loin, remarqua Ambroise avec déception.
La quête de sa localisation serait donc d'autant plus ardue. En effet, au tout début de leur discussion, ils s'étaient rendus compte qu'à leur emplacement, nul réseau téléphonique ne fonctionnait.
Chose étrange, car en se promenant dans la journée, ils captaient normalement à la fois internet et le réseau mobile.
Le hasard les avait menés dans une zone manifestement non desservie par ce moyen de communication, en ce moment crucial.
En conséquence, il n'existait pas trente-six solutions : où Ambroise et Thibault - voire Ambroise ou Thibault - partaient à la recherche de leur ami, ou bien ils pouvaient tout aussi bien arpenter la forêt à la recherche d'un emplacement où communiquer avec le monde extérieur redevenait possible.
Le dernier moyen leur paraissait le plus judicieux. De cette façon-là, ils pourraient en même temps tenter de retrouver la trace de Wandrille.
Afin de doubler les chances de réussite de l'opération, Ambroise proposa de se séparer puis de revenir à une heure précise à la tente...
Thibault refusa catégoriquement cette possibilité, car si Wandrille avait hurlé de terreur à un point tel qu'à une certaine distance lui Ambroise s'était réveillé, le danger devait probablement être plus que léger.
Ce dernier capitula et se leva, aussitôt imité par son ami. Leur téléphone à la lampe torche allumée à la main, ils sortirent précautionneusement du petit habitat avant que l'instigateur des recherches referme ce dernier.
Subitement, une nouvelle série de cris d'effroi surprit les tympans d'Ambroise. Se retournant, il tomba nez-à-nez avec, presque bien cachée derrière un tronc, une haute silhouette affreusement maigre, à la laide tête surplombée des bois d'un renne.
~ Fin ~
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Vantablack
HorrorVoici un recueil d'histoires d'horreur inspirées pour la majorité d'entre elles d'une légende urbaine, d'un fait divers ou bien d'un mythe.