Tout en regrettant qu'alors qu'ils se trouvaient encore dans la petite chambre, elle n'ait pas donné les lattes extraites aux enfants, elle sentit ses paumes devenir moites contre la surface lisse, bien que souillée, de la batte.
Yrsa crevait de chaud sous sa doudoune polaire. Le stress ne faisant qu'empirer son sentiment d'étouffement, elle n'osait pas tourner la tête vers la gauche - vers la salle - au risque de croiser le regard de Kagel.
Retenant un soupir de soulagement, elle l'entendit traverser la pièce sans se questionner quant à l'éventuelle possibilité de refermer la porte derrière lui.
Avançant dans la pièce à l'apparence vide, parfumée de sa spécialité agrémentée de la carcasse de son larbin préféré, Kagel ne remarqua pas Yrsa un seul instant.
Néanmoins, une fois à l'intersection, au centre de la salle, il choisit de continuer son chemin vers la partie est. En entendant ses pas s'éloigner, la mère des enfants comprit qu'il s'en approchait dangereusement.
À pas de loup, elle leva rapidement mais silencieusement son long corps svelte. L'idée que Kagel puisse faire subir à Søren, Holda, Hedda ou Daegan le même sort que celui qu'avaient connu Goran et Strand lui était insupportable.
Sa peur fut soudain remplacée par un élan si vif qu'elle se retint de justesse de courir et d'abattre sur ce crâne enrobé d'une chevelure châtain, nouée en un catogan lisse et soyeux, la batte ensanglantée du feu père de Søren.
Les bottes de Kagel progressaient lentement, à pas puissants qui paraissaient calculés au millimètre près, comme si tout ceci n'était qu'une simple formalité qu'il devait accomplir avant de parvenir à son but déjà atteint.
Une fois le fromager à l'intérieur de la partie est de la grande salle, Yrsa, tel un chat traquant un rat, suivit sa trace en longeant le couloir. Une fois à la frontière entre la partie centrale et le quartier droit, elle ferma ses grands yeux bleus, avant enfin d'oser lancer un regard furtif à travers la pièce.
De dos, Kagel progressait lentement vers une longue table en formica toute blanche, d'un design particulièrement moderne qui tranchait avec la rusticité de tout le reste du mobilier.
Celle-ci était entreposée tout contre le mur en bois, rendant l'éventualité d'une fuite réussie d'autant plus mince.Avec horreur, Yrsa observa ce que le vampire avait déjà découvert.
Sous cette table, recouverte d'un drap au tissu faussement opaque, les silhouettes de Holda et d'Hedda apparaissaient nettement en position assise.
Kagel maintenait sa progression lorsque, sous le regard ahuri d'Yrsa, un Søren muni d'une barre de fer sortit de sa cachette - l'arrière d'un séchoir à fromage - avant de plonger sur le corps massif de l'immense chef du village.
Le métal s'abattit avec un bruit mat sur le dos de Kagel, qui poussa un cri perçant de douleur.
Furieux, il se jeta sur la nappe drapant la table qui servait d'abri aux jumelles, avant de la tirer d'un geste vif.Aussitôt, les cris synchrones des deux petites filles résonnèrent à travers la pièce. Un instant plus tard, elles sortirent à croupetons par les extrémités de la table sous l'œil désormais amusé de Kaël Kagel.
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Vantablack
HororVoici un recueil d'histoires d'horreur inspirées pour la majorité d'entre elles d'une légende urbaine, d'un fait divers ou bien d'un mythe.