La Forêt ~ Chapitre 1

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L'Audi noire se gara lentement sur le tas de cailloux qui faisait office de parking

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L'Audi noire se gara lentement sur le tas de cailloux qui faisait office de parking. Aux alentours, aucun autre véhicule en vue. En coupant le contact de sa voiture, Victoria ne put s'empêcher de jeter un regard inquiet vers le ciel gris, qui s'était déjà bien assombri depuis qu'elle et son chien avaient pris la route.

-On devrait être rentrés avant qu'il fasse nuit, murmura-t-elle, tout en lançant un regard vers le jeune berger allemand noir allongé sur la banquette arrière.
Au son de la voix de sa maîtresse, ce dernier remua l'une de ses grandes oreilles pointues.
La portière avant s'ouvrit, Victoria en sortit, puis la referma avant de se diriger vers celle adjacente. À peine eût-elle laissé un peu d'air entrer dans le véhicule noir immaculé que la bête en bondit.

En poussant un soupir, la jeune femme se pencha vers les sièges arrières, tous trois légèrement recouverts de fins poils ébènes.
Lorsqu'elle referma la portière quelques secondes plus tard, elle tenait dans sa main gauche un collier, une laisse et une longe. Elle passa le premier autour du cou de Sirius, y accrocha la seconde, puis se dirigea vers le petit sentier qui menait vers les profondeurs du bois.

 Elle passa le premier autour du cou de Sirius, y accrocha la seconde, puis se dirigea vers le petit sentier qui menait vers les profondeurs du bois

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C'était la première fois qu'elle et Sirius (qui d'ailleurs la promenait plus qu'elle ne le promenait) venaient ici. Habituellement, c'est-à-dire tous les matins et quasiment tous les soirs, tous deux se retrouvaient à faire le tour d'un miniscule parc tout près de l'appartement que Victoria louait.

Cependant, d'après Julien l'éducateur du chien, celui-ci se tiendrait plus tranquille lors des balades, si celles-ci étaient effectuées dans un lieu plus calme, loin des cris d'enfants et des ballons qui volaient en tout sens...

Suivant son conseil, la jeune femme avait donc parcouru les 15 km qui la séparaient de cette forêt (toujours sur conseil de Julien) pour venir travailler ce que ce dernier appelait le "rappel".
D'après ses dires, il lui faudrait tout d'abord trouver un tronc d'arbre plutôt large et solide, autour duquel attacher une longe à laquelle Sirius serait lui-même attaché.

Au bout d'un quart d'heure de marche, le chien et sa maîtresse tombèrent nez-à-nez sur un énorme chêne

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Au bout d'un quart d'heure de marche, le chien et sa maîtresse tombèrent nez-à-nez sur un énorme chêne. La laisse dans les mains et la longe attachée au chien (qui s'éloignait de plus en plus), Victoria entreprit d'entourer plusieurs fois la corde autour du tronc, avant de sceller l'ensemble en formant plusieurs nœuds serrés.
Une fois chose faite, la jeune femme se rendit compte que les bruissements des feuilles et les craquements des branches ne se faisaient plus entendre...

-Sirius ? interrogea-t-elle.
Voyant que le pelage noir de son chien ne réapparaissait pas, elle décida de suivre la longe. Sachant que l'une de ses extrémités se tenait dans sa main, et l'autre sur son chien, la sorte de laisse géante la mènerait forcément jusqu'à lui. Elle s'enfonça donc dans les buissons dans lequels son berger allemand de bientôt un an semblait s'être enfoncé.

Au bout de plusieurs dizaines de secondes, elle en sortit enfin, et poussa un cri aigu lorsqu'à ses pieds, elle trouva l'autre extrémité de la corde qu'elle tenait. Sur le moment, elle ne comprit pas : comment se faisait-il que Sirius ait pu se libérer à l'instant même sans qu'elle ne l'entendit ?

Elle avait bien senti la corde légèrement tendue, le chien y était donc bel et bien encore accroché quelques secondes avant.
-Sirius ? répéta-t-elle, mais cette fois-ci d'une voix beaucoup plus aiguë que la précédente.
L'inquiètude commençait à se faire sentir, en témoignaient ses mains blanchâtres devenues moites.

Après avoir répété, crié même, le prénom de son chien, hurlé "Viens là !", "Au pied !" et "On rentre !" au moins une quinzaine de fois, c'est cette fois-ci la peur qui lui serra les entrailles. Et s'il était arrivé quelque chose à Sirius ? Si un chasseur l'avait confondu avec un sanglier ? "Non, pensa-t-elle aussitôt, j'aurais entendu le coup de feu."

Ce qui n'était pas faux... Comprenant qu'à moins de vouloir abandonner son chien dans cette forêt sombre et humide, elle devait le retrouver, elle reprit son sang-froid et avança de quelques pas.
De quelques-uns seulement, car elle glissa sur un tas de feuilles et tomba d'une masse, se tordant le pied gauche au passage.

-Manquait plus que ça, marmonna-t-elle.
La douleur de l'entorse la fit grimacer, mais elle se releva tant bien que mal, manquant de peu de reproduire sa chûte tant le sol était glissant.
Soudain, elle sentit que son jean était anormalement humide, mouillé même, bien plus que ce qu'un contact (même prolongé) avec le sol enfeuillé aurait dû provoquer.

Baissant les yeux vers ses tibias, elle constata que le bleu de son pantalon s'était mué en un rouge profond, semblable à du jus de cerise. Poussant un soupir d'agacement, elle s'apprêta à reprendre la recherche de son chien, quand une goutte tiède vint se déposer sur l'une de ses joues, puis couler jusqu'à l'ovale fin de son visage.

Ce n'est que lorsqu'elle termina sa route sur son t-shirt blanc qu'elle constata qu'en plus d'être bien trop rouge pour être de l'eau, elle était surtout bien trop visqueuse. Sans le vouloir, elle leva sa tête vers le sommet de l'arbre planté à sa droite. Au passage, elle reçu plusieurs autres petites gouttes écarlates, qui vinrent teinter sa chevelure brune de reflets rougeoyants.

Voyant ce qui les provoquait, elle poussa un hurlement d'horreur, mais paralysée par la terreur, elle ne bougea pas. Elle resta là, plantée comme un piquet devant un arbre d'un peu plus de huit mètres de haut, auquel à l'une des branches pendouillait le corps sans vie de son adorable chien.

La terreur fut en petite partie remplacée par la tristesse et la colère, mais pas pour longtemps. Tournant son corps à cent-quatre-vingt degrés, de nouveau sans consciemment en comprendre la raison, elle tomba nez-à-nez face à... son chien.
Soulagée, elle ne prit même pas la peine de regarder de nouveau ce qu'elle avait découvert à peine quelques instants plus tôt. À trente mètres de là, la tête bien familière de son beau berger allemand entièrement noir pointait à travers un bosquet.

Elle l'appela, mais contrairement à son habitude, le chien ne fit pas mine de ne pas l'avoir entendu en détournant sa tête lupine. Non, il resta immobile, fixant un point légèrement à droite de sa maîtresse.
Victoria s'apprêtait à l'appeler de nouveau quand elle se souvint d'une leçon d'éducation canine. D'après Julien, il était stupide de répéter encore et encore le même ordre au chien (ce qu'elle faisait tout le temps).

Changeant de stratégie, elle s'avança donc vers lui, mais à environ quelques mètres, elle constata que son regard habituellement joueur et agité semblait étonnament fixe, et que pas même ses oreilles ne bougeaient.
En pleine réflexion, elle surprit enfin un mouvement vers la tête de son chien... qui se releva, surplombée par d'immenses cornes semblables à celles d'un cerf adulte. Elle observa avec horreur que loin du corps mince et longiligne de son chien, sa tête était portée par le corps humanoïde d'une chose d'une maigreur maladive.

Son cri resta bloqué dans sa gorge, mais pas ses jambes. Cependant, handicapées par son pied blessé, celles-ci ne la portèrent pas longtemps. La chose se jeta sur elle et dans le même mouvement, la tête de Sirius tomba au sol, avant de rouler en faisant un bruit mou.

 La chose se jeta sur elle et dans le même mouvement, la tête de Sirius tomba au sol, avant de rouler en faisant un bruit mou

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