Le cosmonaute

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Vêtu de sa tenue d'astronaute, Aristophane chutait du cosmos jusqu'aux tréfonds de la Terre.

Il avait été préparé durant plusieurs mois à effectuer cette prouesse, ce voyage. Dans des simulateurs d'abord, puis dans d'immenses piscines afin qu'il apprenne convenablement à se réceptionner en mer sans se blesser.

Le cosmonaute avait vu de bien plus près qu'à l'accoutumée l'étoile du Système solaire. Le Soleil, qui brûlait alors de mille feux.

À cet instant, après s'être éjecté de l'engin spatial l'ayant mené par-delà les cieux, la gravité de sa planète le ramenait en vitesse de là où il venait.

Aristophane se demanda pendant de longues secondes s'il n'allait tout bonnement pas s'écraser au sol. Il disposait bien évidemment d'un parachute, néanmoins la crainte que celui-ci ne s'ouvre pas s'accéléra au fur-et-à-mesure de da progression.

Il n'eut pas le souvenir d'avoir traversé les nuages, ni même le ciel où potentiellement il aurait pu croiser un avion-cargo ou plus simplement des oiseaux.

Cependant, il eut la nette vision d'une falaise géante haute de plusieurs centaines de mètres dont il avait des pieds effleuré le rebord.

Depuis, il sentait que son voyage touchait à sa fin. Il sentait nettement la chaleur brûlante du soleil lui taper sur le système, réchauffer d'autant plus son accoutrement déjà trop épais pour l'air ambiant.

Enfin, Aristophane toucha la surface aquatique. L'eau salée lui ruissela vélocement dans la bouche, mais quasiment automatiquement il en recracha la majeure partie.

Après quoi, il poursuivit sa descente vers les abysses.

On ne revit jamais cet étrange pâtissier, qui s'était donné la mort sans le vouloir après l'ingestion de substances hallucinogènes.

Le jeune homme atteint de troubles psychiatriques mis à mal par une consommation importante de différentes drogues psychotropes avait suivi ses visions fictives à un moment où visiblement il se trouvait en pleine crise.

Son parachute imaginaire ne s'ouvrit jamais, pas plus que son casque opaque et imperméable ne l'avait protégée de la noyade.

Six-cent mètres en aval du plus haut sommet de la colline de Los Gigantes, son corps enrobé dans sa tenue de travail blanche flottait sur le dos dans une mer calme et paisible.

Le soleil tapait sur ce corps prématurément décédé, et lorsque quelques heures plus tard, on découvrit son cadavre, les médecins conclurent qu'il s'agissait là d'un simple suicide.

Nul n'avait pu remarquer ces discrets bruits de pas en provenance directe de l'accompagnateur du jeune homme.

Celui-ci s'était vite éclipsé après avoir convaincu de longues minutes l'ancien individu à qui il avait fourni le produit fatal qu'il s'avérait être un cosmonaute nageant dans le ciel.

Après quoi, nulle difficulté de le rapprocher de la surface, où sa pauvre victime s'imaginait être au bord de l'accès d'un engin spatial.

À la suite de cela, il lui avait chuchoté tout ce dont il avait l'utilité de connaître : qu'il possédait un parachute dans son dos, qu'il traverserait l'espace puis les cieux avant de miraculeusement atterrir en mer, sans blessure car il l'aurait entre-temps ouvert.

Hormis l'assassin, on ne sut jamais qu'Aristophane le pâtissier croulait sous les dettes...

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