Vantablack

Pishtaco ~ Chapitre 14

Goran insista encore et encore, mais malheureusement pour lui la voiture refusa de le laisser la conduire. Il jura tout seul dans l'habitacle, alluma le chauffage puis frappa le sol d'énervement.

La scène dura plusieurs dizaines de minutes. Lorsqu'enfin le véhicule émit le bruit familier signalant son démarrage, Goran poussa un soupir de soulagement.

Les phares illuminèrent la nuit dorénavant silencieuse. Les cris qu'il avait perçus avaient disparu, de même que la silhouette mince et à peine perceptible de Vilmar.

Goran quitta son jardin à l'herbe trop haute, puis,  s'aiguillant grâce aux grosses traces de pneus laissés sur le goudron, prit la direction des bois.

Son cœur battait la chamade. Il craignait de découvrir ce qu'il venait chercher.
Bien entendu, il avait l'intention de sauver son fils des griffes du vampire. Cependant, ses propres yeux avaient été témoins de ce que cette créature était capable de faire.

Arrivé aux alentours de la forêt, en sueur et le sang battant violemment à ses tempes, l'idée de faire demi-tour pour aller travailler comme si de rien n'était lui traversa l'esprit une fraction de seconde.

Goran chassa cette idée caponne d'un mouvement de tête et s'engouffra dans la ligne droite qui l'amena auprès de l'Arkana rouge d'Yrsa.

Le soulagement saisit Goran. Elle était donc déjà là...

L'homme sortit de la voiture, referma cette dernière puis timidement, s'approcha des troncs d'arbre qui l'entouraient comme s'il n'était jamais venu visiter ces mêmes bois.

Un frisson de terreur le parcouru des pieds à la tête. Décidément, Goran avait encore plus peur qu'Yrsa et les quatre enfants réunis...
À cet instant, il regretta presque d'avoir offert à son fils un petit chaton mignon et non un gros chien pour son anniversaire...

Même si Rasmus n'en aurait également fait qu'une bouché.

Sa batte de baseball - qui n'avait pas frappé une balle depuis une décennie voire plus - pendait mollement au bout de son bras grassouillet aux muscles faibles et ramollis par une épaisse couche de graisse due en bonne partie à ses excès de bière.

Le manche de l'arme glissa légèrement du bout de ses doigts. Malgré le froid, il mourrait de chaud à cause de l'effroi, ce qui rendait ses mains épaisses toutes moites et sa prise sur la batte bien faible...

Néanmoins, le voisin d'Yrsa avançait au hasard à travers le bois. Sans se l'avouer, l'homme peureux espérait ne pas trouver ce qu'il devait
découvrir...

Soudain, l'idée de rejoindre la clairière lui parut une bonne idée. Connaissant bien les bois, il n'eut aucun mal à rejoindre la zone éclaircie parsemée de troncs morts.

C'est alors qu'il trouva une piste solide. Dans le sol boueux, de grandes traces de chaussures laissaient voir en leur marque de plus petites empreintes, enfantines.

À la fois réjoui mais en même temps franchement angoissé, l'homme fixa les traces plusieurs minutes avant de traquer leurs créateurs.

Mais la tâche courageuse ne dura que quelques minutes pour le dégonflé : bientôt, le papa de Søren se cacha derrière un gros tronc d'arbre avant de se laisser tomber flasquement à même le sol.