Queer ~ Chapitre 12

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Montant quatre à quatre les escaliers, sa copine sur ses talons, Soraya s'acharna quelques instants telle une forcenée sur la poignée de la porte.

- Y a rien à faire ! s'exclama-t-elle à mi-voix, en proie à la panique.

Elles étaient fichues.

Marzanna attrapa la main de sa copine, puis toutes deux reprirent leur course, non sans percevoir de façon plus intense - à moins que cela ne soit qu'un effet psychologique, une simple impression ? - les pas rapides des deux armoires à glace.

La terreur rendait les proies de ces derniers aussi rapides que des lièvres, aussi vives que deux gazelles.

Elles bondissaient en avant à un rythme effréné, hélas leurs jambes même gorgées d'adrénaline ne pouvaient rivaliser avec celles des tueurs qui les poursuivaient.

Les hommes surentraînés les rattrapaient doucement mais sûrement, cela tous quatre le savaient.

Soudain, Soraya buta une nouvelle fois, mais cette fois-ci contre un rat. L'animal couina méchamment tandis que l'esthéticienne s'écroula au sol.

En toute logique, Marzanna tenta de la relever, afin que toutes deux puissent reprendre leur course. Malheureusement cette fois-ci, le pied de Soraya s'était plié puis cogné contre la surface bétonnée du sol.

- Continue sans moi, lui dicta-t-elle en s'apercevant qu'après moult tentatives, elle ne parvenait pas à se maintenir debout.

Dans le noir du souterrain, la polonaise pâlit d'horreur. Si elle l'abandonnait là, c'en était fini pour Soraya.

Mais en même temps, si elle-même restait à ses côtés, c'en était fini pour toutes les deux.

Tel Spartacus devant obéir à Varo dans la série éponyme lors de la fin dramatique connue par celui-ci, Marzanna suivit les injonctions de sa copine de courte durée.

Elle l'enlaça quelques secondes en guise d'adieu puis, repérant le son des chaussures de Kostas et Leandro de façon encore plus perceptible, elle tapota les deux joues de Soraya avant de la laisser là.

L'employée du Java sanglotait lorsque Marzanna poursuivit sa route. Les larmes roulaient toujours le long de ses joues au moment où Kostas l'attrapa brutalement par les aisselles avant de la menotter.

Aidé de Leandro, le Grec reprit le chemin inverse avec la bête, non sans s'exaspérer des gémissements de terreur qu'elle exprimait.

Une fois arrivée dans la boutique, la compagne de la chirurgienne à l'aiguille plus que maladroite faillit crier de joie en apercevant sa collègue saine et sauve.

C'est qu'elle tenait à la qualité de l'usine de production de ses marchandises.

- Où est passée l'autre ? s'enquit Nélya d'une voix autoritaire.

Du haut de ses hauts talons très fins, la jeune femme toisait ces deux mastodontes pesant chacun plus du double de son propre poids.

- Elle est coincée en bas, lui répondit Leandro d'une voix calme.

Armoire à glace ou pas, il savait qui donnait les ordres.

L'homme de main italien reprit donc sa mission, tandis que Kostas accompagna sa cheffe auprès de la chirurgienne.

Si tout se passait bien, Coline pourrait enchainer les deux opérations à la suite.

Après tout, Leandro avait toujours été un kidnappeur hors pair.

~ Fin ~

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