Vahiné

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La langue chaude et humide de Vahiné sortit peu à peu Aylin de son sommeil

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La langue chaude et humide de Vahiné sortit peu à peu Aylin de son sommeil. Celle-ci marmonna quelques mots dans son rêve avant d'entrouvrir ses grands yeux marron. La femelle golden retriever lui léchouillait toujours la paume de la main. Soudain, Aylin se souvint qu'elle n'avait pas de chien.

Ses pupilles se contractèrent de terreur tandis que ses yeux, grands ouverts, se plantaient en direction du mur à l'opposé de la pièce. L'organe gustatif d'elle ne savait quel intrus continuait de lui signifier sa présence, sans qu'Aylin ne réagisse. Brusquement, elle se leva d'un bond. Sans réfléchir, elle traversa le plus vite possible sa chambre à coucher, dans laquelle un être vivant inconnu se trouvait.

Au moment où elle saisit la poignée de la porte, deux pieds se mirent à taper sur le parquet en sa direction. De plus en plus proche d'elle, le lécheur la poursuivait à grandes enjambées.
Hurlant à plein poumon, si fort que ses oreilles en devinrent douloureuses sur l'instant, elle repoussa violemment la porte derrière elle avant de jeter ses pieds dans le couloir noir.

Vahiné se prit la porte en pleine face. Du sang gicla de son long nez de faucon. L'étrangère porta la main à son visage étroit, toucha ses narines du bout de ses doigts blanchâtres.

Lorsqu'Aylin alluma la lumière de la salle de bains toute proche - avant de claquer la porte et de s'y enfermer à double tour - Vahiné découvrit avec colère que le sang chaud ruisselait comme une rivière de ses naseaux.

Elle aussi aurait bien eu besoin  de se rendre dans la seconde pièce. Poussant un grognement d'énervement, l'intruse pénétra dans le couloir à son tour. Au lieu de se rendre dans la cuisine et se débarbouiller dans l'évier, Vahiné s'y rendit avec en tête une toute autre idée. Ouvrant les placards au hasard, elle dénicha un fond de brioche, qu'elle engloutit tranquillement. En même temps qu'elle mangeait le petit-déjeuner d'Aylin, l'intruse farfouilla dans les tiroirs à la recherche d'un couteau.

En effet, pour briser la porte de la salle de bains, celle-ci allait avoir besoin de quelque chose de pointu et d'aiguisé. Ses efforts finirent par payer : au bout d'une trentaine de secondes, la jeune femme mit la main sur une longue lame légèrement émoussée, assortie d'un fusil qu'elle utilisa sur le champ.

Tandis qu'elle aiguisait l'ustensile, Vahiné se mit à fredonner des airs de comptine. Poussant un soupir las - l'esthéticienne n'ayant pas fermé l'œil de la nuit commençait à fatiguer - elle reposa le couteau et le fusil avant de refaire rapidement son chignon blond.

Pendant ce temps-là, Aylin tremblait de la tète aux pieds. Assise dans sa baignoire étroite, elle en avait tiré les rideaux afin de mettre un semblant de distance entre elle et son esthéticienne. Elle se mit soudain à pleurer. La pièce ne comportait qu'une fenêtre, mais celle-ci se trouvait au deuxième étage d'un immeuble tout gris. La chute risquait bien d'être plus douloureuse que la lame aiguisée du couteau volé de Vahiné.

Brusquement, Aylin saisit son courage à deux mains. La paume de la main droite rouge d'irritation - elle l'avait astiquée au savon de Marseille juste après s'être réfugiée dans la salle de bains - la piqua légèrement lorsqu'elle baissa le battant horizontal de sa fenêtre.

Heureusement pour elle, Aylin était mince. Elle pensait pouvoir tant bien que mal se glisser à travers l'ouverture vers l'extérieur qu'elle venait de créer. La jeune femme hésita à crier pour demander de l'aide. Il y avait bien quelques voisins aux alentours, mais il était plus probable que Vahiné n'apparaisse avant que l'un d'eux puisse lui porter secours.

Quelques instants plus tard, les chaussettes reprirent une fois encore le chemin de la salle de bains. Son chignon défait, elle ne se donna pas la peine de se recoiffer. À la place, elle empoigna la manche de son couteau si fort que ses ongles s'enfoncèrent dans la peau de sa paume.

Marchant d'un pas décidé, la jeune femme se dirigea à grandes enjambées en direction de la chambre à coucher, dernière pièce avant son objectif, où l'autre devait à coup sûr se trouver.
Soudain, le son familier d'une bouteille de parfum qui chutait parvint à ses oreilles. Le flacon d'Amor Amor tombait systématiquement lorsqu'on ne prenait pas garde à soulever d'abord délicatement la trousse de maquillage contre laquelle il reposait.

La jeune femme se figea. Sa proie était toute proche, elle était capable de la situer quasiment au carreau de grès près. Ses lèvres gonflées à l'acide hyaluronique esquissèrent un sourire de triomphe. Les chaussettes reprirent leur évolution lentement et doucement, se posèrent sur un autre carreau.

Puis encore un autre. Elle tremblait d'excitation, l'élastique de son chignon glissait le long de son crâne mais ce détail n'avait pour le moment pas d'importance. Elle s'approcha discrètement des petits pieds.

À présent, seul le mur de pierre les séparait. Puis l'une d'elle atteignit son but ultime. Celle-ci posa délicatement ses doigts fins sur la poignée de la porte de la salle de bains. De la main droite, la lame effilée de son couteau de cuisine était sur le point de s'enfoncer profondément dans la chair ennemie.

Partagée entre surgir en un éclair ou bien profiter du moment, la seconde quant à elle se tenait bien cachée derrière la porte de la pièce. Elle frotta l'une contre l'autre ses deux lèvres qui déjà, commençaient à ramollir sous l'effet de l'excès de piqûres.

Puis soudain, Aylin se décida. Tandis qu'elle appuyait violemment puis repoussait en avant et d'un même mouvement la poignée de la porte de sa salle de bains, elle donna un coup de pied à la porte, de manière à l'ouvrir rapidement. Et éventuellement à blesser l'intruse qui devait se trouver juste derrière.

Malheureusement pour Aylin, la porte resta close. De même, le gros orteil de son pied gauche la lancina suffisamment pour qu'elle s'y concentre et oublie l'esthéticienne vengeresse à qui elle devait quelques dizaines d'euros.

Cette dernière apparut comme une fleur dans son dos. Au moment où Aylin se retourna, les yeux bleus et globuleux de Vahiné se plantèrent dans ses grands yeux bruns, à l'instar de la lame aiguisée de son couteau.

Celui-ci se faufila si profondément dans l'orbite de son œil droit que lorsque la main ornée de faux ongles de la blonde la retira, une flopée de liquides organiques en jaillirent et atterrirent sur le visage tartiné de fond de teint à la manière d'un arrosoir.

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 09 ⏰

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