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@mery_daghiri ~ Pinterest
Traversant le rideau de perles noires qui séparait le catwalk des coulisses où patientaient les autres danseuses, elle remua ses implants fessiers jusqu'à la barre en fer qui l'attendait. Puis ce fut le tour de Phoenix, Blue Diamond et les autres. Enfin, Aïsha reconnut sa chanson.
Poussant un soupir, elle pensa aux billets qui l'attendaient bien au chaud dans les poches des imbéciles venus la contempler en train de se déshabiller. D'une démarche souple et gracieuse qui cachait bien son manque d'enthousiasme, elle avança d'un pas sûr jusqu'au long poteau argenté.
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Comme elle s'y attendait, la sueur des multiples mains moites de ses collègues parsemait sa surface tant et si bien que même si elle l'aurait souhaité, elle n'aurait pu exécuter une seule figure de pole dance.
Aïsha se contenta donc d'un numéro simple, mais visiblement efficace. Les animaux un peu plus bas lui lançaient quelques billets pendant qu'elle se dandinait autour de son deuxième outil de travail en se déshabillant.
Une fois uniquement vêtue d'un string rouge phosphorescent accordé avec sa manucure, la jeune femme clôtura son spectacle avec un grand sourire factice, puis se retira en coulisses.
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À l'instar de ses collègues qu'elle avait entre deux mouvements du bassin entrevues se vendre auprès des clients, Aïsha ne venait là d'exécuter que l'introduction de sa nuit de travail. Dans une demi-heure, les passages sur la barre recommenceraient.
En attendant, elle alla ranger ses premiers pourboires de la soirée en vitesse aux vestiaires, puis se dirigea dans la grande salle où son salaire du jour l'attendait. Contrairement aux autres danseuses, Aïsha ne se donnait jamais la peine d'aller elle-même se vendre auprès des spectateurs.
À la place, elle sirotait un petit mocktail, assise sur un tabouret du comptoir du bar tout en discutant avec Panthea, la serveuse.
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Les clients venaient d'eux-mêmes : sa réputation n'était plus à faire. Tout en papotant avec la grande femme aux boucles d'oreilles imposantes portant un diamant étincelant à la narine, Aïsha lançait de temps à autre un regard de dégoût envers les prospects de ses copines de vestiaires.
Rubis en particulier avait le très mauvais avantage d'attirer les plus vieux et riches... Elle se trouvait là, assise le dos exagérément cambré sur une table décorée des bouteilles les plus chères que Kagel proposait à la vente, remuant son postérieur en signe d'invitation à une danse collective ou privée.
Aïsha se détourna de ce sombre spectacle, et repris sa discussion avec Panthea.
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Dans son dos, des pas lourds et familiers se firent entendre subitement malgré la musique. La jolie brune se retourna de nouveau, et fit face à celui qu'elle avait longtemps considéré comme son sauveur.
En effet, n'était-ce pas Kaël Kagel qui les avait sauvées, elle et sa mère Aura, d'un incendie meurtrier ayant dévasté tout le village où ils vivaient ? Village où il était avant cet événement le chef, d'ailleurs.
Après quoi, Kagel s'était lancé dans le monde des affaires, la jeune mère et son bébé sur les bras. Dix-huit ans plus tard, ce dernier inaugurait le strip club au bord de la faillite que son héros avait racheté puis rénové de fond en comble.
