La grange de Kallias ~ Chapitre 1

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Kallias marchait de long en large dans sa grange

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Kallias marchait de long en large dans sa grange.

Sous ses pieds, les petits bruits qu'il cherchait à discrètement faire taire se faisaient subtilement entendre.

C'était ici sa propriété, et en aucun cas ce digne fermier ne permettait que quiconque y mette les pieds - sauf autorisation préalable de sa personne.

Là, deux coquins avaient tenté le coup, s'étaient fait surprendre puis s'étaient retrouvés sous les lattes de son immense salle décorée de bottes de foin et d'une ribambelle de toiles d'araignées.

Peut-être que les rats n'allaient pas tarder à leur rendre visite ?

Cela ne serait pas pour lui déplaire : le paysan abhorrait l'idée de se salir les mains.

Mais qu'une autre créature le fasse à sa place...

Kallias hésitait, devait-il appeler la gendarmerie et les livrer ainsi tout simplement à la justice publique ?

Ou bien - et c'était là un grand dilemme pour lui que de choisir entre cette première et cette seconde solution - ne devrait-il pas plutôt les laisser mourir là où ils étaient ?

Simplement en ne leur apportant rien à boire, ni rien à manger ?

L'idée plut à ce grand solitaire qui vivait en autarcie dans cette ferme abandonnée depuis des décennies.

Kallias n'avait a priori besoin que de son seul contact humain pour survivre, en tout cas c'était ce que son comportement laissait supposer.

Jamais sa présence ne se faisait remarquer au sein de l'une ou l'autre des fêtes des villages alentours, et encore moins dans les bistrots ou autres lieux de communauté des environs.

Dans ces patelins, on savait bien qu'il ne fallait en aucun cas approcher ce vieil ours, qui résidait dans sa ferme sans aucune autre vie que des animaux depuis des décennies.

Le lait que ses quelques vaches concoctaient n'était consommé que par ses soins et ceux des veaux de leur productrice.

Tout comme les œufs, fruits, légumes et petites quantités de légumineuses, Kallias ne se donnait pas la peine de vendre ses produits.

Il semblerait que moins ce quinquagénaire allergique à sa propre espèce côtoie ses congénères, mieux il se portait.

À la mort de ses parents, officiellement décédés suite à un accident de voiture survenu lors de leur retour de vacances - car eux voyaient du monde - le fils unique avait tout bonnement repris l'exploitation, à un détail près.

Sa vie économique s'arrêtait là, Kallias ne souhaitait plus entretenir le marchandage de ses biens avec autrui.

D'autant plus que les bénéfices engendrés ne faisaient que se tasser, au fur et à mesure des années.

Non vraiment, Kallias avait fait le bon choix.

La partie la plus difficile à gérer de son alimentation était la viande, car étrangement, l'homme peinait à abattre ses grosses peluches affectueuses et douces comme le lait qu'elles lui confectionnaient.

À la mort naturelle - et saine - de chacun de ses poules, vaches ou autres cochons, le paysan se résolvait donc à recycler au maximum cette bête aimée.

Il dépeçait alors froidement la chair de l'animal concerné en faisant abstraction de ses émotions et sentiments éprouvés envers lui.

Après quoi, il congelait l'entièreté de ce qu'il en avait récupéré, puis le consommait précautionneusement jusqu'au prochain accident.

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