Naos haletait tel un jack russell sur le point d'attraper le gibier.
La différence étant qu'en l'état des choses, c'était lui le sanglier, et le rentier sur les nerfs le limier.
Le jeune homme galopait sans se préoccuper des douleurs musculaires que, de toute manière, l'adrénaline eu tôt fait d'étouffer.
Il souffrirait plus tard.
Pour l'heure, la priorité était d'échapper à l'homme qui, manifestement, ne lui voulait pas du bien.
Seul gros bémol : contrairement à lui, son ennemi ne découvrait pas les lieux.
Pire, il les connaissait parfaitement bien.
N'était-ce pas lui qui, peu avant la naissance de Lesath, avait fait dessiner des plans, puis ordonné leur construction par un architecte de la capitale afin d'y loger ensuite l'entièreté de sa véritable famille ?
L'homme barbu maintenant une corde dans l'une de ses larges mains s'en rappelait comme si c'était arrivé hier...
Néanmoins, il chassa bien vite ce douloureux souvenir de son esprit.
Quitter ce domaine et tirer un trait sur son existence précédente, il y avait déjà pensé.
Toutefois, une assez large partie de lui se plaisait à entretenir les souvenirs joyeux d'une vie antérieure désormais morte et enterrée.
Bien loin de l'affliction qu'il avait ressenti ce fameux soir, il vivait maintenant en s'accrochant aux fantômes de Meseret, de Lesath et d'Agathe.
Vladislava ne se souvenait pas bien de la première fois qu'un petit animal était apparu sur ses terres.
Il n'en possédait lui-même aucun, mais ce qui l'avait le plus interpellé était la zone exacte où l'alarme anti-intrusion s'était déclenchée.
Effectivement, comme il l'avait fait vérifier par la suite par le jardinier qu'il employait toujours malgré son besoin de solitude, nul trou n'était présent sur la surface lisse et parfaitement entretenue de la partie herbue du domaine.
Le kazakh l'avait par la suite imité, mais là encore il dû se rendre à l'évidence.
L'entièreté du contour et du sol de sa propriété était en parfait état.
Les chats, lapins et autres chiens continuèrent par la suite à atterrir toujours au même endroit dans son immense jardin, qui n'avait plus pour seul but que de l'éloigner encore un peu plus de ses congénères.
Et à chaque fois, lorsque Vladislava usait de son temps à vérifier les caméras de surveillance, il constatait le même phénomène : une bête apparaissait là, sortie de nulle part, comme téléportée.
Ce jour-ci, l'homme d'affaires n'avait pas pris le temps d'observer la forme de l'indésirable ayant soudainement fait son apparition sur ses terres.
S'il l'avait fait, nul doute qu'au lieu d'une corde, cela aurait été un fusil, qu'il aurait amené avec lui.
Toutefois, le voilà désormais à chasser l'animal qu'il haïssait le plus au monde : l'humain.
Celui-là s'avérait fort jeune, vif et en bonne santé.
Mais tout de même nettement plus facile à capturer que les autres créatures qui avaient l'habitude de le visiter.
De ce fait, d'une part parce qu'il s'ennuyait profondément et n'avait pas grand-chose de beaucoup plus interessant à effectuer, d'autre part car il désirait donner de faux espoirs à sa future victime, Vladislava décida de ralentir l'allure.