Pishtaco ~ Chapitre 15

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Le sang de Goran se figea soudainement dans ses veines. Effectivement, ses oreilles venaient de l'avertir qu'à quelques mètres, un animal bipède semblait progresser vers lui.

Craintivement, l'homme se recroquevilla derrière le tronc contre lequel son dos trempé collait l'écorce. Les pas continuaient leur chemin. Goran enfonça carrément sa tête entre ses deux genoux charnus, les yeux clos comme si ignorer la réalité allait la faire disparaître.

Subitement, la créature s'approcha si près de ce corps tremblant et épais que son propriétaire cessa tout bonnement de respirer. Sa face rougeoya en à peine quelques secondes.

Heureusement pour ses cellules, celles du corps qui venait de passer juste derrière l'arbre - qui ne le remarqua même pas - maintenaient quant à elles si bien sa progression, qu'il n'eut pas à priver les siennes trop longtemps d'oxygène.

Soulagé, il inspira une longue bouffée d'air frais lorsque les pas devinrent presque inaudibles. Goran releva la tête. La batte trainait sur le sol - il l'avait faite tomber sans même s'en rendre compte.

Soudain, un point blanc au loin attira son attention, légèrement dévoilé par la lampe qui éclairait la femme dont Goran venait de se cacher.

Celle-ci portait une longue doudoune blanc neige. Si ses souvenirs étaient bons, sa voisine en avait une similaire...

D'un coup, l'homme se releva. Il récupéra sa batte de baseball légèrement souillée par la boue, puis entreprit de suivre discrètement la silhouette qui progressait de plus en plus en profondeur dans la forêt.

Bientôt, il reconnu la longue chevelure noire ressemblant à celle de sa voisine, et le fait que son détenteur soit une détentrice le rassura si bien qu'il accéléra nettement l'allure.

Par précaution, Goran décala son chemin de celui de celle qu'il pistait de quelques troncs d'arbres vers la droite. De cette manière-là, dans le cas où par hasard, elle viendrait à se retourner il passerait a priori inaperçu.

La femme ne tenait pas d'arme, même pas un bout de bâton. Le père de Søren serra fortement la batte de baseball entre ses petits doigts boudinés.

Jusqu'à ce qu'arrivé quasiment à sa hauteur - trois mètres derrière elle - il eut la certitude que la femme était bien Yrsa. Il relâcha sa prise, sa frayeur se calma quelque peu.

Sa voisine stoppa net. Goran avait conscience que ses pas étaient de moins en moins discrets. Il maintint son avancée puis parvint à son niveau.
- Yrsa ? l'appela-t-il doucement.

Deux grands yeux bleus écarquillés se tournèrent puis s'arrêtèrent devant les siens. L'homme découvrit à cet instant que la peur de sa voisine - qui contrairement à lui ne se cachait pas derrière un tronc pour esquiver son devoir de secours - était outrageusement supérieure à la sienne.

Yrsa, soulagée reprit une contenance proche de la normale. Elle lui adressa un léger signe de tête vertical lui faisant comprendre que malgré le peu de lumière que sa lampe projetait, elle l'avait reconnu.

Puis l'homme suivit la femme. Non pas à ses côtés, mais derrière ses pieds, à la manière d'un petit enfant effarouché.
Aucun d'eux ne pipa mot, trop effrayés à l'idée d'alerter une quelconque créature camouflée dans les ténèbres.

À l'issue de leur petit périple, leurs deux paires de tympans rencontrèrent la voix distincte et très aiguë d'un bébé qui perçait le silence de la nuit.

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