De son père biologique, Déa n'avait absolument aucun souvenir, excepté un nom : Jessen Massen. Décédé dans d'étranges circonstances très peu de temps avant l'incendie ravageur qui avait détruit son village natal, l'homme avait légué à sa fille sa persévérance et son imprudence. Allongée dans la baignoire de l'appartement d'Axelle - c'est ainsi que s'appelait en réalité Rubis -, elle fixait le plafond blanc immaculé en remettant sa vie en question.
D'aussi loin que sa mémoire le lui permettait, sa mère et son beau-père avaient toujours effectué la majeure partie des choix fondamentaux de sa propre vie à sa place. Ses maigres fréquentations, ses études - arrêtées peu d'années après le lycée - et même son métier, rien ne leur avait échappé.
À vingt-et-un ans maintenant, Déa rêvait d'autre chose que d'être une poupée gonflable. Sans les contredire, elle avait autorisé ses parents à faire ce qu'ils voulaient de son corps. Ballotée dans son bain, elle commença enfin à penser les quitter.
Pour de bon. Non pas qu'elle les haïssait : la jeune femme ressentait un profond mépris empli de pitié pour sa faible mère, Aura, ainsi qu'un énorme dégoût pour le géant Kaël, son beau-père - qui se prenait pour son père adoptif d'ailleurs...
Déa se surprit alors à rêver de démissionner. Contrairement à la droguée Scarlet, elle et Axelle géraient plutôt intelligemment cet argent gagné difficilement. Cependant, un obstacle de taille les maintenait toutes les deux au Fries Paradise : sans Kagel, l'une comme l'autre se trouveraient au choix enfermée dans un hôpital psychiatrique ou derrière les murs d'une prison.
Remuant doucement ses jambes, l'ancienne étudiante en droit soupira. Elle ne voyait que peu d'issue. Jamais Kagel ni sa mère ne lui permettraient de fuir bien longtemps, et passer une vie traquée la répugnait presque autant que de continuer son existence actuelle. Soudain, le son inattendu d'Axelle toquant à la porte la sortit de ses pensées.
Un quart d'heure plus tard, toutes deux prenaient leur premier repas de la journée - une pizza bien grasse surchargée de fromage - dans la cuisine. C'est alors que Déa évoqua son projet en herbe à sa copine. Intriguée, la timide aux cheveux rouges tendit une oreille attentive.
Tout comme pour la danseuse nordique, le terrifiant gérant restreignait sa liberté. Bien que n'ayant pas une mère comme Aura se trouvant sous l'emprise de ce dernier, il s'avérait que tout comme Aïsha, Rubis était une poule aux œufs d'or pour le titan scandinave. De plus, il avait plus d'une fois couvert leurs chasses plus sanglantes les unes que les autres...
Les iris noirs de Déa la fixaient si intensément qu'Axelle décida de la suivre sans réfléchir. Il leur faudrait à la fois réunir l'argent nécessaire à leur évasion, ce qui s'avérait de très loin la partie la plus facile de l'opération...
Également, Déa devrait se charger d'endormir la vigilance de ses parents. Et pour ce faire, quoi de mieux que de les rendre complètement inoffensifs ? Physiquement, la jeune femme n'était pas de taille face à un Kagel - face à sa mère la question était discutable. Intellectuellement par contre...
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Vantablack
TerrorVoici un recueil d'histoires d'horreur inspirées pour la majorité d'entre elles d'une légende urbaine, d'un fait divers ou bien d'un mythe.