Le corps revigoré et les cellules boostées par son déjeuner nocturne, l'ogre réapparu bientôt dans le couloir éteint.
Comme chaque nuit depuis un an maintenant, la créature faisait en sorte que les locataires provisoires de son château y demeurent à jamais.
Pour Claudine, c'était donc chose faite.
Ce jour – noir comme tous les soirs – un second hôte était gardé par son manoir. Vlad ne se souvint pas de celui-là, cependant il flairait une divine odeur de sang chaud battant dans un corps souple qui l'attendait à proximité.
Conservé dans un corps sain et musclé, sa boisson favorite alimentait à l'instant même la chair tendre et goûteuse que toutes ses cellules réclamaient en chœur.
Avançant sur le sol en bois laqué de ses ancêtres, Vlad caressait du bout de ses griffes le mur façonné avec la même matière, qui le menait à son dîner. La créature se pourlécha les babines d'avance, imaginant déjà le breuvage au goût métallique, chaud car émanant de sa cave à 37 degrés ruisseler dans son estomac, où les restes du visage de Claudia s'y mêleraient.
La salive goûta sur son menton pointu et imberbe. Ses yeux sombres, dilatés par le manque de luminosité et injectés de sang, fixaient avec avidité la porte renfermant son met préféré.
Toutes tremblantes sous l'effet de l'excitation, les mains du monstre sanguinaire se posèrent sur la poignée. Lentement et sans un bruit – les gonds de cette porte-ci étaient correctement huilées – Vlad entrouvrit la porte.
Ce qu'il vit le laissa bouche-bée. Les yeux fixés sur le lit king size, il failli bien hurler sous le coup de la déception.
Néanmoins, il savait que son odorat ne le trahissait pas. La bonne odeur d'un corps jeune et plein de vie était bien là, dans les parages.
Humant l'air comme un enfant le faisait en croisant l'effluve d'un fondant au chocolat en train de cuire au four, Vlad se mit bientôt à renifler l'air en lançant des coups de tête ça et là, à la manière d'un berger allemand traquant une piste.
Enfin, il se décida à pénétrer dans la pièce. Ses pieds plats et blancs comme le mur de la pièce - dont il avait oublié la couleur depuis la venue du mauvais hôte hébergé l'an dernier – s'avancèrent de quelques dizaines de centimètres.
Là, du bout du talon, le vampire referma la porte de la chambre d'Élio.
L'apprenti coiffeur, ayant ouï les cris de la vieille Claudine avait préparé un plan. Muni d'une paire de ciseaux de coiffure à la pointe longue et pointue, il planta vigoureusement l'outil dans l'un des yeux grands ouverts de l'intrus.
Vlad beugla si fort qu'il effraya le jeune homme pour de bon. Le petit blond commis l'erreur fatale de lâcher son arme, certes bien placée.
Malheureusement pour lui, le propriétaire de la demeure ne risquait pas de mourir avec un tel acte. L'œil percé et dégoulinant de sang, il se jeta avec fureur sur l'auteur de cette agression, à qui il déroba l'organe détruit – et ce, alors que l'autre était encore en vie – avant de remplacer la paire de ciseaux enfoncée dans son visage par le globe à l'iris bleu ciel, au sein de son propre orbite.
Ce fut au tour d'Élio de s'époumoner.
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Vantablack
KorkuVoici un recueil d'histoires d'horreur inspirées pour la majorité d'entre elles d'une légende urbaine, d'un fait divers ou bien d'un mythe.