Teke-Teke ~ Chapitre 7

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Ignorant la faiblesse progressive de son souffle et inconsciente quant à la douleur vivace qui aurait normalement dû flamber dans les muscles de ses jambes, Saga se rua le plus vite qu'elle le pouvait en direction du bâtiment - hors de question de...

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Ignorant la faiblesse progressive de son souffle et inconsciente quant à la douleur vivace qui aurait normalement dû flamber dans les muscles de ses jambes, Saga se rua le plus vite qu'elle le pouvait en direction du bâtiment - hors de question de fuir en direction de l'arrière.

Avec horreur, elle entendait nettement, distinctement les petits pas manuels se rapprocher de ses chevilles à une vitesse folle.

Pourtant loin d'être considérée comme bête, et bien qu'elle soit - hors cas où sa curiosité la menait par le bout du nez - relativement douée d'une vive intelligence, Saga ne se rendit compte que la porte de la maison était, comme il l'était facilement prévisible, fermée à clé que lorsqu'elle tenta d'y pénétrer.

S'acharnant encore et encore sur la poignée comme si la maison n'avait pas été abandonnée qu'il y a peu, la jeune fille se mit à éclater en sanglots...

Le bien étant officiellement « À vendre » comme l'indiquait plusieurs panneaux d'une agence immobilière de Skien, c'est tout naturellement que des dispositifs anti-squats avaient été mis en place.

Effectivement, bien qu'aucun citadin normalement constitué ne veuille habiter cette maison isolée de la communauté et, en plus de cela, bordée d'un passage à niveau où les trains passaient à n'importe quelle heure du jour et de la nuit et qui, accessoirement, avaient tranché en deux une petite fille de pas plus de douze ans, certaines sans-abris quant à eux n'y auraient vu aucun souci...

Soudain, Svea effleura d'une main le pantalon cargo noir de Saga.

Celle-ci hurla de toute ses forces, sous le regard écarquillé et entièrement noir du cadavre découpé en deux.

- Où sont mes jambes ? grogna-t-elle d'une voix grésillante aux sonorités d'antihéros de film d'horreur.

Saga se figea d'épouvante. Peut-être tout ceci n'était-il qu'un cauchemar ?

Elle se mordit les lèvres à sang, planta ses longs ongles vernis dans sa chair beige...

Mais là encore, nul réveil ne se produisit.

C'est alors que son instinct de survie, émanation de son habituelle intelligence revenue en trombe face au danger lui répondit :

- Sur l'autoroute de l'autre côté de la forêt, lui indiqua Saga d'une voix qu'elle réussissait non sans effort à ne pas faire trembler.

La morte revenue du cimetière suspendue au sol grâce à l'appui de ses mains elles bien présentes leva un sourcil plein d'intérêt.

- Qui te l'a dit ?

Saga prononça les deux syllabes du nom d'Ikka dans un souffle.

Sans le savoir, elle venait d'éviter le pire, car Svea n'était pas dupe : pour une raison obscure, elle savait qui l'avait poussée cette fin d'après-midi-là.

Répondre par l'équivalent scandinave de Victoria lui aurait valu dans le meilleur des cas une mort par étranglement, dans le pire un sort semblable à celui connu par la demi-collégienne à l'aide d'une faux...

Avec stupeur mais non sans bonheur, Saga observa l'affreuse, la cauchemardesque monstruosité sans membres inférieurs se diriger vers la forêt.

Le cœur battant à tout rompre, Svea attendit quelques instants avant de courir à toutes jambes à travers la route de campagne où, curieusement, elle allait très bientôt remettre de nouveau les pieds.

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