Pour la première fois en trois ans, les autres membres du staff évitèrent soigneusement de croiser les yeux sombres d'Aïsha.
En effet, on la tenait responsable - en plus de son abandon de poste, certes relativement court - à la fois de la désertion de Rubis, mais également de la disparition, de l'envol vers on ne sait quel lieu de Scarlet Cheetah.
Étrange paradoxe : ce n'est pas comme si dans ce bar à hôtesses, la concurrence faisait rage...
Les autres, à savoir Phoenix, Fendi Minaj, Blue Diamond et ainsi de suite - exceptée peut-être Candy - se réjouissaient bien entendu à l'idée que la célébrité du club ne puisse pas assurer son service.
Néanmoins, le souci étant qu'hier, elles n'avaient pas pu tenter de récupérer ses faramineux pourboires, tout bonnement parce que le Fries Paradise avait gardé ses portes closes...
Là, un Kagel tout frais pressa ses petites cocottes de se maquiller, se parfumer, s'habiller et s'échauffer en vitesse, car toutes avaient mine de rien une nuit entière à rattraper.
Ici en effet, les affaires marchaient si bien que les poulettes se trémoussaient du lundi au dimanche soir inclus.
Hors congés payés bien sûr, Kagel n'était quand même pas un esclavagiste...
Voilà donc l'équipe de danseuses exotiques toute stressée et, alors que leur shift n'a même pas encore commencé, déjà enguirlandées par leur souteneur.
Comme d'habitude, seule Aïsha Kandisha semblait bénéficier d'un traitement de faveur : bien que la fermeture provisoire ait été de son fait, son père adoptif semblait transposer le problème sur les autres filles perdues.
Les hétaïres se dirigèrent donc ensuite en coulisse. Comme à l'accoutumée, la star du bar à hôtesses fermait la marche de ce défilé aphrodisiaque.
Peu avant son entrée en scène, Aïsha remarqua effectivement la jeune recrue, une italienne à l'accent prononcé ayant ainsi choisi le populaire nom de Candy.
C'est fou ce que les débutantes n'étaient pas originales...
La fille d'Aura et de Kaël ne lui avait pas encore adressé la parole qu'elle pressentait déjà quelle vie menait l'inconnue : sans le sou, sans ambition, incapable de poursuivre des études et donc sans perspective d'avenir, elle avait fini par considérer l'idée que seul son attrayante plastique la sortirait de la précarité.
Choix stupide pour quelqu'un comme Déa dont les parents meurtriers multirécidivistes la forçaient littéralement à exercer au sein de ce corps de métier, mais qui en temps normal, dans une autre vie plus agréable, aurait d'ici moins d'une dizaine d'années consacré ses journées à établir des actes authentiques pour des professionnels de l'immobilier.
Quoi qu'il en soit, la célébrité des lieux observa avec pitié la gaupe en apprentissage, manifestement débutante, se déhancher de façon malaisée dans sa micro robe tellement moulante qu'on aurait presque pu la confondre avec du body painting.
Ses petites gambettes surplombées de fesses plates bien que recouvertes de cellulite, bientôt remodelées grâce au procédé du brazilian butt lift vibraient sous le claquement de ses Pleasers contre le sol.
Déa poussa un soupir. Voilà une future Scarlet Cheetah, dans six mois entièrement refaite et, si tout se passait bien, uniquement addict aux boissons alcoolisées d'ici quelques temps.
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Vantablack
HorrorVoici un recueil d'histoires d'horreur inspirées pour la majorité d'entre elles d'une légende urbaine, d'un fait divers ou bien d'un mythe.