Bianca leva soudainement la tête. Écartant une mèche blond platine de sa vue, elle aperçu au loin, à une dizaine de mètres, la silhouette nette du garde s'effondrer sur le sol.
Intriguée, ses sourcils arqués se levèrent aussitôt. Balayant les alentours du regard, l'adolescente se rendit compte qu'à part elle, personne n'avait remarqué ce qui venait de se passer.
Par-delà le grillage noir et partiellement rouillé – toujours fermé à clé – l'étendue verdoyante d'un bois, précédé par quelques buissons contrastaient avec le bitume gris et brûlant du sol de leur cage.
D'un bond, elle se rua vers sa mère occupée à préparer de quoi manger à ceux qui les maintenaient ici, de force. À ses côtés, Iñaki épluchait une ribambelle de pommes de terre.
En découvrant sa sœur, celui-ci étira ses lèvres en un petit sourire, croyant qu'elle venait là pour l'aider à terminer sa énième tâche ingrate de la journée.
À la place, Bianca se dirigea vers sa mère, à qui elle chuchota quelques mots dans le creux de l'oreille. Cette dernière émit des yeux ronds, tourna sa tête à la chevelure toute aussi blonde que sa fille puis lui demanda de répéter ce qu'elle venait de lui apprendre.
Partagée entre la peur et la joie, Kalinka posa ses deux mains aux ongles salement amochés par le labeur sur les épaules frêles de sa fille semi-orpheline.
En effet, quelques mois plus tôt, le père de Bianca et Iñaki s'était fait abattre comme un sanglier par les hommes armés, ceux-là même qui les gardaient là.
En punition, sa famille s'était vue exclure de la communauté – l'ensemble des esclaves – qui désormais, vivait isolée du reste du groupe.
Tout cela sous l'œil attentif d'Amos, le garde chargé de les surveiller de très près...
Or, ledit Amos venait soudainement de s'écrouler comme une masse sur le bitume.
Avec un peu de chance, le choc l'avait endormi pour de bon.
Saisissant sa mère par le bras, Bianca exhorta sa mère de la suivre à l'extérieur, mais Kalinka refusa. Traumatisée par ce qui était arrivée à son mari peu de temps avant – il lui semblait que c'était hier – elle craignait pour leur vie à tous les trois.
Poussant un soupir exaspéré, Bianca sortit du bâtiment au plafond bas.
Seule.
À grands pas, l'adolescente approcha du corps en uniforme, avant de stopper net. À trois mètres de la silhouette épaisse de l'homme qui les terrorisait, elle, sa mère et son frère, un fusil d'assaut entièrement noir baignait dans une flaque écarlate dont Bianca devina la provenance.
Contournant tout doucement l'angle de la petite cabane qui tenait lieu d'habitation au garde – eux dormaient à la belle étoile – afin de voir autre chose de l'homme que ses membres inférieurs, Bianca se retint de pousser un cri lorsqu'elle constata le crâne ouvert d'Amos.
Le sang ruisselait de l'ouverture provoquée par la chute, tandis que ses yeux grands ouverts fixaient le ciel. L'hémorragie était telle que le liquide vital avait coulé par-delà l'extrémité inférieure de son long corps.
Bianca resta figée plusieurs dizaines de secondes devant ce visage mort. Elle savait que l'homme ne quittait que très rarement son poste – pour soulager sa vessie entre autres – et qu'il était peu commun que son talkie-walkie ne sonne. De plus, les autres gardes ne venaient récupérer les plats que leur préparait Kalinka que tard le soir.
Lentement, Bianca recula de quelques mètres, puis s'accroupi. Lors de son arrêt cardiaque, Amos avait laissé tomber son arme avant de lui-même s'affaler sur le goudron.
L'adolescente se saisit du fusil d'assaut, non sans être surprise de son poids.
Quelques secondes après, elle frissonna de terreur lorsque le contact d'une main adulte empoigna son avant-bras.
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Vantablack
HororVoici un recueil d'histoires d'horreur inspirées pour la majorité d'entre elles d'une légende urbaine, d'un fait divers ou bien d'un mythe.