Pishtaco ~ Chapitre 23

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Holda hurlait de douleur, à un point tel qu'elle s'en cassa la voix. De l'autre côté, relativement en sécurité - en tout cas beaucoup plus que sa jumelle - Hedda l'accompagnait, de terreur.
Enfin, Yrsa parvint jusqu'à la créature. Cette dernière se délectait goulûment des tissus adipeux de sa fille lorsque Lucille s'abattît sur son crâne.

Avec un rugissement de rage, la bête lâcha sa prise avant de se tourner vers l'auteure de cette attaque.

Au même moment, une Holda partiellement amincie parvint avec soulagement à rejoindre sa sœur par l'étroite entrée de l'autre pièce. Terrorisée, elle partit se cacher derrière un tonneau, pleurnichant en sentant encore les crocs féroces du pishtaco profondément enfoncés dans sa jambe.

La mâchoire dégoulinante de graisse et de sang approcha le visage émacié d'Yrsa. Par réflexe, elle recula de quelques pas, jusqu'à trébucher sur l'un des pieds de Søren.

Sans réfléchir, Yrsa prit ses jambes à son cou, tout en criant aux enfants de se cacher. Avec un petit sourire, Kagel la suivit à pas lents, visiblement toujours si peu intéressé par le garçon maigrichon.

La bête dépassa ce dernier, dont la barre de fer tenue entre sa main moite glissa subitement sur le sol.

Une fois dans le long couloir, Yrsa armée de sa batte de baseball se rendit dans une autre pièce, juste en face de celle qu'elle venait de quitter. Refermant la porte tout doucement derrière elle, elle apparu dans une énième salle correctement éclairée.

En fuyant la précédente, elle n'avait pas jugé nécessaire d'en refermer l'accès. Là, cachée derrière la porte d'entrée, elle partit explorer les autres parties de ces quartiers, assez grands, où comme pour les précédents, deux divisions élargissaient l'espèce d'appartement.

Partant du côté gauche, elle en laissa la porte ouverte - comme elle l'avait trouvée.
Au bout de quelques minutes, Kagel pénétra dans la salle. Humant l'air à la manière d'un terrier, Yrsa entendit nettement ses bottes se poser doucement sur le sol, de plus en plus distinctement.

Sous sa grosse doudoune - elle se demanda à cet instant pourquoi donc elle ne s'en était toujours pas débarrassée - son corps évacuait la sueur à grosses gouttes. Bientôt, elle perçu l'arrêt des pas de Kagel, un peu comme s'il était à la recherche de quelque chose et qu'il avait en face de lui deux possibilités aussi probables l'une que l'autre.

L'homme modifié se râcla la gorge. Yrsa sursauta. Dans l'angle aigu de la porte, elle voyait la silhouette haute et compacte comme une armoire à glace du chef du village dans lequel elle avait vu le jour, et où elle avait toujours vécu.

Maintenant qu'elle y pensait, les circonstances de la succession du précédent chef avaient été pour le moins étrange...

Fermant les yeux, Yrsa détourna peu de temps après la tête de l'entrebâillure de la porte. La respiration saccadée, elle craignait que la vue du pishtaco ne réitère le malaise qu'elle avait eu quelques temps auparavant dans sa voiture.
Prenant soudain une profonde inspiration, Yrsa voulut avoir le cœur net : il lui semblait désormais peu probable que Kagel n'ait pas fait son choix.

Les yeux fermés, elle tourna lentement son long cou mince en direction de la petite fente qui séparait la porte du mur auquel elle était accolée.
Là, les yeux bleus à l'expression fixe et glaciale croisèrent ses pupilles terrifiées.

De l'autre côté de l'entrebâilllure, une main contre la porte et l'autre sur le mur, Kaël Kagel se tenait là, penché en avant - vers elle - comme s'il avait patienté le temps qu'elle recouvre ses esprit.

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