Chapitre 71 : Rivalités et jalousie

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Timia parcourut le corridor à pas de géant, et sans prêter la moindre attention aux gardes, poussa les portes du bureau de Clelia.

- Par les dieux Clelia, un jour je vais te priver de l'accès à cet endroit maudit ! Depuis ton retour, c'est à peine si je te revois ! s'écria-t-elle.

L'intendante s'attendit à ne trouver que sa sœur de lait, pas en compagnie de quelqu'un. Par chance, ce n'était que Pistos qui avait sursauté à son entrée. La rousse jeta un regard noir à Clelia qui riait discrètement avant de lui faire signe de fermer les portes.

- Je suis la reine, tu n'as pas le choix, je dois travailler.

- Mais pas dormir ici ! Ni passer tes journées enfermer à l'intérieur ! Le ciel est beau, prends Oxypous et tes enfants pour vous promener ! Ils ne demandent que cela !

- Je le sais, je le regrette énormément mais j'ai trop de choses à faire...

- Pendant dix ans, tes conseillers ont tous fait à ta place et tout va bien ! Sors de cet endroit maudit ! C'est l'heure du repas et je veux te voir après au gynécée, aux écuries, n'importe où sauf ici !

Son emportement fit rire à son tour Pistos qui s'amusa de la situation. Alors que Clelia souriait un peu, mais contrite. Depuis son retour, Clelia s'était enfermée dans son travail, allant même jusqu'à sacrifier ses nuits pour prendre connaissance de la situation et enfin reprendre sa place. Mais c'était non sans contrepartie. À la place, elle voyait quasiment personne à part ses conseillers et à peine ses enfants qui n'osaient pas faire le premier pas, trop intimidés.

- J'ai du travail..., tenta-t-elle.

- C'est ce que j'entends toujours ! Faut-il que je te traîne de force de là pour que tu puisses voir autres choses que tes documents ? Tu dois quitter le palais pour que tu arrêtes de travailler. Va séjourner dans une résidence secondaire, dans la campagne, ça te fera du bien...

- Je vois du monde, ne t'inquiète pas, ricana Clelia. Je termine ma discussion avec Pistos et nous arrivons. Tu peux t'installer...

- Elle est si pressante que cela pour que tu t'entretiennes aussi longtemps avec lui et me congédies ?

- Pas du tout, tu peux même rester si tu le désires, assura Pistos à son amie d'enfance. Je lui parlais simplement de la nouvelle lubie de mon père.

L'intendante s'apaisa et haussa un sourcil, l'invitant à lui expliquer la situation. De toute façon, depuis leur plus jeune âge, ils avaient tout partagé, comme les frères et sœurs qu'ils n'avaient jamais été par le sang.

- Il m'a proposé hier une nouvelle épouse. J'ai refusé, elle a douze ans et les petites filles me dégoutent. On aurait dit Sophia ou Alopex.

Timia fit une grimace, le visage de sa fille et de la princesse en tête, ayant toutes deux encore onze ans.

- Il a finalement renoncé à te proposer Clelia ? se moqua-t-elle.

- Les dieux m'en gardent, répondit l'intéressée. Je suis trop vieille maintenant pour me remarier et je n'y tiens vraiment pas. J'aurais l'impression de me marier avec mon propre frère et d'être incestueuse.

- Tu peux toujours devenir mon épouse, plaisanta Pistos en se tournant vers la rousse.

- Navrée, je le suis déjà pour quelqu'un et j'ai trop à faire, tu me verrais à peine. Mais si vous avez fini, je ne verrai aucun mal. Je vais chercher Thysié pour la prévenir que...

Mais Pistos était déjà début et ouvrit les portes pour gagner le corridor, marmonnant au passage qu'il s'en occupait. Il marchait d'un pas si vif et rapide que Timia se mit à rire avant de se tourner vers sa sœur de lait. Elle aussi souriait et elle avait quitté son siège. En la rejoignant, elle passa son bras sous le sien et comme les deux jeunes filles qu'elles furent, traversèrent le corridor pour se joindre aux autres.

De Delphes toute puissanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant