Delphes assiégée. Des soldats. Des javelines et des flèches enflammées. Des cris. Du sang.
Clelia émergea de son cauchemar, haletante, le souffle rapide. Elle posa sa main sur sa poitrine, comme si cela pouvait la calmer et la rassurer. Elle se rendit compte qu'elle transpirait à grosses gouttes. Ce cauchemar l'avait réellement terrifié au plus profond de son être.
Elle passa une main tremblante dans ses cheveux emmêlés et plaqués par la transpiration puis se leva. Le contact de l'air frais sur sa peau nue la fit trembler légèrement. Lentement, elle approcha du rideau qui séparait sa chambre à la cuve où elle pouvait faire son bain. Elle avait besoin de chasser son cauchemar de son esprit en se baignant. De l'eau s'y trouvait, mais froide. Elle n'hésita pas davantage et plongea tout son corps puis sa tête et resta ainsi quelques secondes, lui arrachant au passage un frisson.
Les images la hantaient et son ventre se nouait en une boule. Pourquoi ce rêve depuis quelques nuits ? La situation était-elle si grave que cela à Delphes ?
Elle émergea, à bout de souffle puis se leva. Son angoisse était apaisé, mais il restait là, cacher insidieusement. Il fallait qu'elle se calme.
Elle quitta la cuve, laissant les gouttes d'eau se répandre sur le sol en marbre et alla cherche un tissu pour se sécher. Au passage, elle souleva le volet de peau huilé afin de voir s'il faisait jour. C'était le cas, le ciel était teinté de rose et de jaune pendant que le soleil commençait sa course.
Clelia prit un autre morceau de tissu qu'elle enroula autour de ses cheveux pendant qu'elle s'habillait d'un chiton orange. Elle passa autour de ses reins une ceinture de cuir.
Elle devait rendre visite à Clystemnestre et à son fils qu'elle avait accouché pas plus tard qu'hier soir. Le travail avait duré toute la journée avant que la délivrance n'arrive au moment où le soleil se couchait.
Elle peigna ses cheveux avant de les nouer en un chignon bas et alla jusqu'à la chambre de Clystemnestre, avec son nécessaire. Elle frappa doucement à la porte pour signaler sa présence puis la poussa. Elle vit la jeune mère qui jouait avec son nourrisson, assise sur son lit. Clelia esquissa un sourire attendri et s'approcha lentement.
- Comment allez-vous, aujourd'hui ? s'enquit la jeune fille, à voix basse.
- Très bien, grâce à toi.
Elle s'approcha du lit et posa une main sur le front de la jeune mère. Pas de fièvre. Elle observa le garçon qu'elle avait accouché. Il était fort et vigoureux, il passerait les premières années de sa vie sans craindre de maladie. C'était le plus important.
- Tu repars chez toi ?
- Oui, cela fait un moment que je n'ai pas revu Delphes et j'ai hâte de revoir ma mère. Je suis confiante pour toi et ton enfant, vous êtes tous les deux en très bonne santé et c'est le plus important.
- C'est ma mère, Léda, qui a recommandé à mon époux de faire appel à ta propre mère. C'est elle qui a permis que je vive et Léda lui avait dit qu'entre les mains de Terpsis, je n'avais absolument rien à craindre.
- Et c'est le cas avec sa fille, non ?
- Je t'en sais infiniment gré de nous avoir aider. Je ne sais comment te remercier...
Elle l'arrêta en posant sa main sur son épaule, doucement.
- En profitant de chaque instant que tu passeras avec ton fils. Je prendrai de vos nouvelles quand je serai à Delphes, en envoyant un cavalier. S'il y a la moindre urgence, fais-le moi savoir et je viendrai dès que possible.
VOUS LISEZ
De Delphes toute puissante
Historical FictionGrèce antique. Les grandes cités de Grèce se disputent une cité en particulier, gouvernée de façon particulière : des femmes sont à la tête, puissantes et indépendantes, aimées et respectées par leur peuple, prêtresses et médecins, guerrières et str...