Chapitre 17 : La cérémonie d'initiation

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Le temps avait passé comme si on fermait ses yeux pour quelques secondes et on les rouvrait, sur un nouveau jour, puis un autre et encore un autre, ne voyant pas les mois défilés, la nature s'éveillait et revivre, la saison se faire plus clémente. Hélas trop rapidement. C'était là le regret de Clelia. Le temps qui faisait défaut à tous.

Au fil du temps, elle avait partagé les tâches avec ses tantes, étant par moment guet, entraîneuse, dresseuse, préceptrice de la jeune reine. Elle s'était sentie libre de ses mouvements, non plus oppressée par les intrigues de palais mais vivant dans l'insouciance et la liberté. Ne plus cacher son ascendance, ne plus mesurer ses paroles en public. Jamais elle n'aurait cru que cela était aussi salvateur pour l'âme humaine.

Entraînée dans les bois, Clelia faisait partie des chasseresses qui devaient apporter la viande. Elle tenait un arc plus recourbé que celui qu'elle utilisait par habitude. D'autres femmes, dont Tlémon avait une hache et un bouclier en demi-lune. Penthésilée suivait de près la jeune fille, armée comme Tlémon. Elles avançaient silencieusement, guettant dans la verdure un perdrix ou un cerf. Aucune ne portait des sandales, préférant se fondre entièrement et ne faire qu'une avec la nature.

Une laie apparut, accompagnée par des marcassins. Le mâle se distingua de la verdure, fermant la marche. Rapidement et avec des signes, Clelia signala qu'elle allait abattre le sanglier. Elle attendit que la laie soit hors de sa portée et elle arma son arc. Elle tendit la corde et attendit un moment. Le sanglier sentit leur présence et menaça les chasseresses. D'ailleurs, il fonça vers l'archère. De justesse, Clelia lâcha la corde son arc et la flèche alla se ficher dans la poitrine de l'animal. Il était mort sur le coup, Clelia avait bien visé.

- Belle prise, la félicita Tlémon. Nous allons nous régaler grâce à toi.

Clelia lui répondit par un sourire. Elle se pencha sur la dépouille de la bête et prit le couteau que lui tendit la jeune femme. Le sang se mêlait à la terre et formait un tapis pourpre sur l'herbe verte, dominant la verdure et la dissimulant par la même occasion. Elle ne s'attarda pas plus longtemps sur le sang. Le plus important était que l'animal n'avait pas souffert.

D'un geste sûr, elle mit la dépouille sur le dos et passa le couteau dans les pattes, sectionnant les tendons. Elle prit la corde et la passa dans les pattes avant de passer un long bâton pour mieux le transporter. Les deux autres femmes s'emparèrent du bâton et ouvrirent la marche pour rentrer. Clelia la ferma avec Penthésilée qui la suivait. La jeune fille voyait le liquide pourpre se dispersait en petite goutte et formait ainsi un chemin.

- Comment fais-tu pour viser aussi bien ?

Clelia sursauta et se retourna vers Penthésilée. Celle-ci la regardait avec admiration. Comme à chaque fois en somme.

- C'est de l'entraînement, expliqua la jeune fille. Il est nécessaire de s'exercer sur des cibles mouvantes pour être prête à la guerre. L'ennemi n'attend pas sagement.

- C'est dur ?

- Au début, oui, il faut observer pour savoir quel direction il va prendre. On n'a pas le temps de penser et il faut faire vite et bien. Soit tu vises bien et ton ennemi meurt sur le coup, soit tu le blesses et tu le laisses agoniser. Et tout cela, il faut le décider très rapidement. C'est la rapidité qui compte.

La clairière leur apparut enfin. Des esclaves arrivèrent et prirent le sanglier pour le dépecer et le préparer. Clelia passa son arc et son carquois à un vieil homme avant de rejoindre une des huttes. Elle avait besoin de se débarrasser de cette odeur métallique qui ne la quittait pas et se changer les idées. Elle savait que son départ était proche, trop même. Les Amazones le savaient également et voulaient profiter le plus possible de la jeune fille avant qu'elle ne s'en aille, dans une semaine.

De Delphes toute puissanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant