À l'aube, on réveilla Clelia. La jeune fille se leva du plancher sur lequel elle avait dormi, courbaturée. Elle esquissa une grimace et assit sur la chaise à place de la lampe pour mettre ses sandales. Elle ne s'était pas déshabillée comme elle le faisait d'habitude pour dormir. La situation ne s'y prêtait pas.
Elle déverrouilla la porte et l'ouvrit. Elle émit un grincement qui fit grimacer la jeune fille. Elle descendit les escaliers et rejoignit son oncle ainsi que son cousin qui mangeaient rapidement un morceau de pain.
- Bien dormi ? s'enquit-elle en arrachant un morceau à Pistos.
- Horrible, répondit Pistos, les punaises et les puces sont une horreur et ça me démange partout. Et toi ?
- Quelques courbatures. Quand j'ai vu l'état du lit, je me suis dit que dormir sur un plancher est presque aussi bien qu'un lit infesté de vermine.
- En route, les coupa Héliodore.
Ils sortirent de l'auberge et rencontrèrent l'air marin qui les frappa de plein fouet. La jeune fille ferma les yeux et laissa le vent dispersé ses mèches de cheveux. Elle ouvrit pourtant rapidement les yeux pour gagner le navire amarré. Des esclaves chargeaient des tonneaux et autres malles. Clelia remarqua à côté les étalons blanc et alezan qui mâchaient tranquillement le foin. La jeune fille s'approcha de l'alezan et caressa le velours de ses naseaux. L'animal y répondit en donnant un coup de tête sur son épaule.
- Belle bête.
Clelia de retourna vers la voix grave et observa le capitaine du Triton. L'homme avait ses mains posées sur son gros ventre et jouait avec une corde. Elle devina que la corde était destinée aux chevaux, pour la traversée.
- N'est-ce pas ? fit la jeune fille en perdant sa main dans la crinière. C'est un cadeau, pour mes douze ans. C'est moi qui l'ait dressé et j'ai une confiance absolue en lui, comme lui il est avec moi.
- Et comment s'appelle-t-il ?
- Oxypous.
- Il est si rapide que cela ? s'étonna l'homme.
- Je crois que Pistos sera en mesure de constituer une excellente réponse.
Un esclave s'approcha et attrapa par la bride l'étalon avant de le mener jusqu'au navire. On fit de même pour l'étalon de Pistos qui monta en renâclant sur la planche qui servait de pont. L'esclave força sur la bride et l'étalon blanc se résigna à monter, non sans montrer ses dents et racler de son sabot les planches du navire. Puis mater dans sa rébellion, l'animal rejoignit les cales, avec Oxypous.
Clelia se détourna du navire et alla rejoindre son oncle qui conversait avec Pistos. Il lui donnait les conseils nécessaires pour le voyage. La jeune fille voyait clairement l'angoisse qui étreignait l'homme bien qu'il voulut ne rien laisser paraître. Elle resta à une distance respectable des deux hommes et attendit patiemment son tour.
- Par Zeus, je t'interdis de prendre une goutte de vin, de bière, ou sinon, tu le regretteras. Ne t'attires pas de problème, ne cherches pas les noises à mes collaborateurs et plus encore, ne séduis pas leurs épouses, par Zeus, je te le défends ! Garde toute ta tête et veille sur ta cousine.
- Inutile de t'inquiéter, père, soupira le jeune homme, Clelia n'est pas un nourrisson, elle sait se défendre et puis il ne le lui arrivera rien.
- Par Zeus, tu me fais peur, Pistos, s'angoissa-t-il. Ne fait rien qui pourrait porter préjudice à mes affaires, et évite de dire que tu appartiens à la famille royale quand tu seras en Thrace puis à Troie.
- Tout se passera bien, mon oncle, intervint Clelia en s'adossant nonchalamment à un mur, je veillerai sur lui le temps du voyage. Je promets qu'il ne goûtera qu'à l'eau et rien que cela.
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De Delphes toute puissante
Historical FictionGrèce antique. Les grandes cités de Grèce se disputent une cité en particulier, gouvernée de façon particulière : des femmes sont à la tête, puissantes et indépendantes, aimées et respectées par leur peuple, prêtresses et médecins, guerrières et str...