Clelia observa avec lassitude les plaintes qui reposaient sur ses genoux. Elle n'avait jamais été aussi fatiguée que ces derniers temps. Tous les problèmes s'accumulaient et elle était complètement impuissante pour les arranger. Elle se sentait démunie.
- Tu penses que nous tiendrons encore longtemps ?
Timia fit la moue, désolée, avant de secouer la tête. Les nouvelles de l'intendante étaient très mauvaises. Clelia désespérait.
- C'est déjà un miracle des dieux d'avoir pu tenir presque deux mois, surtout avec la moitié des réserves envoyées aux soldats. Clelia, nous approchons la fin de nos provisions, aussi bien au palais que dans la cité. Nous allons mourir de faim si cela continue.
À la fin, la voix de la rousse s'éleva et effraya Tharros qui se mit à pleurer. Clelia se leva et berça son fils, soucieuse. Sa soeur dormait paisiblement, comme si la réaction de Timia n'avait aucun intérêt pour elle.
- Nous pouvons tuer les quelques chevaux qui nous restent. Je suis prête à offrir Oxypous pour satisfaire mon peuple.
- La viande se décompose, ce qu'il faut c'est de blé, de l'orge, des fèves, que sais-je ! Nous sommes laissés à notre propre sort !
Clelia ressera sa pelisse autour de ses épaules et réprima un frisson. L'hiver et son froid mordant avaient pris jusqu'à cœur du palais. Dans l'infirmerie, les pauvres s'entassaient, faméliques et désespérés. Il avait fallu faire des économies un peu partout pour financer la guerre. Le palais n'était plus chauffé, à chaque corridor, la peau était effleuré par les doigts glacés de l'hiver.
- Il est inutile d'être pessimiste. Le printemps arrivera, nous pourrons compenser avec le gibier et les baies sauvages.
C'était un espoir fou. Clelia voulait se convaincre que la situation allait s'arranger, mais elle savait que c'était impossible. Thanatos était si près, elle sentait presque son souffle chatouiller sa nuque. Elle en frissonna.
Timia cacha son visage entre ses mains, plus désespérée que n'importe quel habitant de Delphes. Elle prenait très à cœur son rôle d'intendante du palais et faisait son possible pour aider les habitant. Avec l'accord de Clelia, elle avait réduit les réserves pour les offrir aux gens. Mais aujourd'hui, même le palais touchait à la fin de ses provisions.
En la voyant sangloter, Clelia s'approcha et l'entoura de ses bras. Elle essayait de cacher ses sentiments pour ne pas décourager les autres et pour leur donner une lueur d'espoir. Mais elle aussi avait perdu toute espérance. Demain lui faisait peur. Chaque nuit, les mêmes questions la hantaient : vivraient-ils assez longtemps jusqu'à la victoire ? Son époux reviendra-t-il triomphant de cette campagne militaire ? Elle était sans nouvelle de lui depuis un mois. Elle ignorait si l'armée d'Antipater avançait vers la cité. Mais plus le temps passait, et plus la population pensait que la cité serait assiégée sous peu. L'idée que l'ancien conseiller triomphant puisse entrer victorieux dans sa cité lui donnait des envies de meurtre.
- Je ne veux pas finir comme tous ces villageois, sanglota Timia. Il nous massacrera jusqu'au dernier, il est sans pitié.
- Je le serait tout autant avec lui. Tous n'est pas perdu, il faut garder espoir, nous triompherons et Antipater rampera jusqu'à mes pieds.
Elle embrassa son front pour la rassurer. De bien belles paroles qui redonnait courage. Pourtant, Clelia necroyait pas un mot de ce qu'elle avait dit. La famine la préoccupait plus que tout. Elle offrait sa part aux esclaves mais en ce moment, avec la nourrice qui était malade et sans lait, elle allaitait elle-même les jumeaux et elle se devait de manger poir avoir du lait.
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De Delphes toute puissante
Ficção HistóricaGrèce antique. Les grandes cités de Grèce se disputent une cité en particulier, gouvernée de façon particulière : des femmes sont à la tête, puissantes et indépendantes, aimées et respectées par leur peuple, prêtresses et médecins, guerrières et str...