Terpsis accéda au trône de Delphes lorsque son père puis sa mère moururent, à ses vingt-deux ans. Elle était tout juste mariée à Xiphos, noble peu important de la cité. Étant une femme, elle se devait de plier aux exigences de sa naissance qui la forçait à s'écarter du conseil mais sans pour autant quitter des yeux les lois qui passaient ou les déclarations de guerre. Comme les deux autres reines, elle suivait les faits et gestes depuis le gynécée où elle restait, malgré son envie puissante d'être considérée comme l'unique maîtresse de Delphes.
Elle eut très vite une fille, Clelia qui fut nommée très rapidement princesse héritière de Delphes. Terpsis, pour cette naissance qui la combla, me fit un immense sacrifice et me demanda de veiller sur elle. Lors de ce sacrifice, elle avait espéré que Clelia encore nourrisson se plierait à mon culte mais je savais déjà qu'elle rendrait ses hommages à ma mère, Héra. Son destin était tracé depuis bien longtemps.
Comme une mère elle veilla sur Clelia, mais aussi comme une reine. Elle savait que sa fille suivrait ses traces, comme les deux reines précédentes. Pour Terpsis, l'avenir de Clelia était déjà tracée. Elle savait qu'elle l'enverrait chez les Amazones, sa véritable famille à ses yeux, pour lui apprendre le maniement des armes et monter à cheval. Elle espérait aussi qu'elle étudie auprès des meilleurs médecins de Grèce l'art de guérir et auprès des poètes dignes d'Orphée qu'elle étudierait la déclamation.
Pour Terpsis, tout était parfait sans une ombre malveillante. Elle envoya sa fille chez les Amazones lorsqu'elle eut trois ans et la revit trois ans plus tard. Auprès du conseil et des habitants qui ignoraient son ascendance, la reine prétendit que l'héritière était chez une nourrice. Durant l'absence de sa fille, Terpsis engagea le précepteur et le meilleur maître d'arme afin de continuer l'éducation de la princesse. Puis les trois ans écoulés, elle se rendit elle-même chez les Amazones, accompagnée de son intendante, confidente et conseillère avisée, Aédone, qui la suivit en terre inconnue. Elles reprirent Clelia qui s'était endurcie par une vie sans confort et rentrèrent ensemble, dans la cité.
Terpsis ne s'inquiéta pas des risques qu'engendraient le voyage et s'en moqua bien. Elle se déplaçait sans gardes, armée seulement d'une dague cachée sous son chiton. Les brigands savaient que s'en prendre à la reine toute puissante de Delphes qui était aussi grande prêtresse d'Apollon et prêtresse d'Aphrodite représentait un risque non négligeable et elle en jouait. Elle jouait de ce rôle de prêtresse, notamment celui de la déesse de l'amour. Elle séduisait les hommes de par sa beauté sauvage et indomptable et le fine observatrice qu'elle était lui permettait de mettre à ses pieds les hommes. Ils étaient fous d'elle et quand ils la voyaient, ils oubliaient la reine qu'elle était. Malgré cela, elle restait fidèle à son époux et repoussait les mortels trop entreprenants et se repaissait de leur tourment à des fins politiques. Cela lui donnait un sentiment de toute puissance qui lui faisait du bien. C'était ce caractère qui avait permit son mariage avec Xiphos et qui l'aidait à appliquer son envie de conquête et d'asseoir son autorité sur les cités voisines.
Mais il vint un jour où Terpsis fit l'une des pires découvertes de sa vie ; elle revenait avec sa fille et Aédone dans une litière et en arrivant dans le palais, c'était l'aube. Elle reconduisit sa fille dans sa chambre, sous la garde d'une esclave et accompagnée d'Aédone, elle se rendit jusqu'à la chambre qu'elle partageait avec son époux. La malheureuse ne remarqua même pas le regard gêné des éphèbes et elle entra.
Ce qu'elle vit l'anéantie au plus profond de son âme et elle poussa un hurlement de rage et de douleur. Xiphos à qui, par son mariage elle avait permis l'accès au trône de Delphes la grande, Xiphos, qu'elle aimait, Xiphos, qui la trahissait, une femme dans le lit qu'ils avaient partagé.
Tepsis ne le supporta pas.
Elle sortit sa dague et accourut vers son infidèle d'époux, prête à les mettre à mort. Mais le cri poussé plus tôt avait réveillé les amants et de justesse, Xiphos appela les gardes pour maîtriser Tepsis, aveuglée par la douleur.
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De Delphes toute puissante
Fiction HistoriqueGrèce antique. Les grandes cités de Grèce se disputent une cité en particulier, gouvernée de façon particulière : des femmes sont à la tête, puissantes et indépendantes, aimées et respectées par leur peuple, prêtresses et médecins, guerrières et str...