L'agitation qui s'était emparée avant des soldats après cette courte bataille s'apaisa et chacun rentrait dans sa tente pour se reposer avant de s'occuper de chacun.
Clelia entra dans la sienne et commença à retirer sa cuirasse avec lassitude. Les mycéniens étaient déjà coriaces, elle avait oublié que les spartiates étaient pires. Elle avait engagé le matin une bataille dans l'espoir de les affaiblir un peu. Ce fut tout le contraire.
Son poing serra sur les boucles de sa cuirasse, sous l'effet de la rage grondant en elle. Pour éviter le bain de sang, elle avait sonné la retraite et avait négocié pour récupérer le corps des morts de leur camp mais elle avait formellement refusé la reddition proposée par Mégapenthès, le fils de Ménélas.
Elle versa de l'eau dans une bassine en terre cuite et entreprit d'ôter les éclaboussures de sang ainsi que la poussière étroitement mêlés avec un linge. Elle se contente de cette toilette sommaire et sortit de sa tente pour parler à Pistos et Sophia.
À peine fit-elle un pas en dehors de sa tente qu'elle heurta un torse ferme. Elle s'apprêta réprimander le soldat mais se tut finalement quand elle remarqua le visage angoissé de Tharros.
- As-tu vu Sophia ? questionna-t-il sans lui donner le temps de parler.
- J'allais justement la chercher pour m'entretenir de l'état des armées. Elle doit être occupée ailleurs pour le moment. Tu n'as pas à t'angoisser pour rien.
Au lieu de paraître rassuré, Tharros parut plus inquiet qu'il ne l'était avant et s'agita.
- Nous étions censés nous rejoindre après la retraite, et généralement, les loups me rejoignent en premier pour me prévenir qu'elle arrive. Je les siffle depuis tout à l'heure et il n'y a aucune réponse. De plus, les soldats qui l'accompagnaient ne sont pas là.
- Argô est une paresseuse, tu dois avoir l'habitude avec le temps. Elle a dû avoir un contretemps. Tu as demandé à Andrios et Desdémone ?
Dès qu'il entendit cette suggestion, il sortit précipitamment de la tente et chercha ses cadets. Lors d'une bataille, Sophia était toujours la dernière à revenir parce qu'elle assurait la retraite et ramassait les corps pour donner les funérailles. Ainsi, Tharros restait généralement avec elle pour la secondait et ils rentraient ensemble.
Tharros s'arrêta près d'Andrios et Desdémone et leur parla. Puis Andrios secoua la tête, et Desdémone suivit. Clelia n'eut pas besoin de deviner à quel point l'angoisse de Tharros était grande. Elle avait souvent entendu parler du fort lien qui réunissait les jumeaux, des quelques pressentiments qui pouvaient avoir et elle l'avait elle-même observé entre Sophia et Tharros.
Clelia constata que beaucoup de soldats se consultaient entre eux et le nom de l'aînée de la reine sonnait dans toutes les bouches, avec des suppositions guère agréables à entendre. Tous se regardèrent et discutèrent à voix basse sur la princesse qui n'était toujours pas là. Certains supposèrent qu'après la bataille était à la chasse, d'autres pensèrent qu'elle avait un léger contretemps qui l'empêchait de venir rapidement.
Pistos vint la rejoindre et se posta à côté, murmurant à sa cousine la dernière fois qu'il avait vu sa fille après s'être enquis auprès des autres généraux.
Finalement, il eut une réaction de Desdémone qui s'avança jusqu'à sa mère et s'inclina.
- Si les loups ne répondent pas à l'appel de Tharros, c'est mauvais signe. Mère, laisse-moi aller voir ce qu'il en est. Laisse aussi Tharros m'accompagner, les loups répondront mieux à son appel qu'au mien.
- De toute façon, nous n'avons pas d'autre choix, chuchota Pistos à sa cousine. Ils sont efficaces, peut-être que nous la reverrons.
- Entendu, déclara Clelia. Soyez prudents tous les deux.
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De Delphes toute puissante
Fiction HistoriqueGrèce antique. Les grandes cités de Grèce se disputent une cité en particulier, gouvernée de façon particulière : des femmes sont à la tête, puissantes et indépendantes, aimées et respectées par leur peuple, prêtresses et médecins, guerrières et str...