Chapitre 117 : Le cadeau de la déesse à l'arc d'or

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Quand les hauts remparts Delphes apparurent, un chœur de soupir de soulagement s'éleva et les soldats qui marchaient depuis longtemps furent ravis de retrouver leur terre natale et tous ce qu'ils connaissaient.

- Tu réfléchis trop, reprocha la voix de Léonidas à côté.

Tharros quitta subitement ses pensées et regarda son compagnon qui le fixait avec réprobation. C'était ainsi depuis la fuite mystérieuse de Desdémone et Tharros ne cessait de repasser dans son esprit les images pour comprendre ce qu'il avait conduit sa demi-sœur à la colonie. Plus encore, il ne cessait de se demander qui était cet adolescent qui l'accompagnait. Était-ce un parent proche, un membre de sa famille qu'elle avait retrouvé à force de recherche ? Ce ne pouvait être Ascagne, celui qui était venu quelques années plus tôt. Il souvenait parfaitement de lui et ses yeux étaient dorés, comme ceux de Desdémone. Mais cet adolescent, Télégonos, les avaient presque blancs, comme le soleil qu'il lui arrivait de fixer alors qu'il regardait le vol des oiseaux. Il ne comprenait plus rien.

- Encore en train de cogiter à cause de cette affaire ? demanda finalement son compagnon.

- Et si cet adolescent, Télégonos ne serait pas un fils de Déiphobe avec une concubine ? avança Tharros. Priam a eu trois épouses qui lui ont donné ses cinquante enfants. Peut-être que Déiphobe a reproduit ce qu'a fait son père et qu'il a eu un enfant d'une autre femme que ma mère, lorsqu'ils s'étaient mariés. Télégonos doit avoir à peine quelques années de moins que Desdémone...

Léonidas écarquilla tant les yeux en l'entendant dire cela que Tharros crut presque qu'ils allaient sortir de leur orbite. Puis finalement, il éclata de rire.

- Si elle s'est trouvée là, c'était le fruit du hasard. Le garçon n'a pas un accent troyen comme elle, il parlait bizarrement, je trouve.

- Par Apollon, soit tu es idiot, soit tu le fais exprès ! Une jument blanche, la danse, prêtresse Apollon et sage-femme, ce n'est peut-être pas un hasard, par Zeus tout puissant !

- D'accord, alors imaginons qu'elle est vivante et que c'est elle qui se trouvait dans cette auberge. Dans ce cas, que faisait-elle en Grande Grèce ? Je sais qu'elle veut voir le monde mais la colonie n'est pas une des régions qu'elle désire voir, pas autant que la Crète ou l'Égypte. Donc, pour quelle raison se rendrait-elle là-bas ?

C'était la question qu'il ne cessait de se poser. Pourquoi en Grande Grèce alors que les recherches à Troie, chez les Amazones et en Crète n'avaient rien donné ? Quel était finalement le véritable but de Desdémone ?

La foule de marchands qui se faisait contrôler à la porte de la cité fut obligée de se décaler pour laisser le prince et sa troupe entrer. Tharros salua distraitement les soldats et les habitants qui se réjouissaient de revoir leur cher prince. Brièvement il regarda une villa qui était en chantier de rénovation et de souvint qu'il avait confié les travaux à sa jumelle qui avait dû engager un architecte et financer par leur héritage commun. Il avait hâte de voir à quoi elle ressemblait maintenant.

- Je te laisse ici, je vais essayer de voir si mon oncle m'accepte encore chez lui. Sinon, j'irai chez mon père.

Il tira sur les rênes avant même que Tharros ne dise quoi que ce soit. Il le regarda s'éloigner, se doutant que derrière ce prétexte, il refusait toujours sa proposition de vivre au palais et il espérait que son oncle l'accepterait encore chez lui, dans son auberge ou alors il serait obligé de retourner vivre chez son père avec qui il n'avait toujours pas engagé de conversation à cause de cette dispute, au milieu de ses frères et ses neveux braillards qu'il supportait difficilement. Léonidas se compliquait tant la vie avec ses réticences alors qu'il lui proposait depuis un moment déjà de vivre avec lui, sous le même toit.

De Delphes toute puissanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant