Chapitre 97: L'appel à la vengeance

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Une lumière éclatante et blanche dérangea Tharros dans son sommeil. Il enfonça davantage sa tête dans son oreiller en grognant un peu. Le remue-ménage à côté le dérangeait grandement, il voulait qu'il cesse.

Machinalement, il tâtonna le lit, bien plus moelleux et agréable que celui qu'il où il dormait d'habitude. Il ne trouva personne et se décida à relever sa tête de son oreiller, la lumière l'aveuglant pendant un moment. Il cligna plusieurs fois des paupières le temps qu'il s'habitue puis regarda le lit sur lequel il était étendu. L'endroit où il se trouvait lui fut inconnu du dortoir de la caserne ou même de la forêt puis il se rappela qu'il était dans sa chambre, au palais. Il se souvenait avoir été rappelé par sa mère, le temps de recevoir les étrangers venus pour interroger la Pythie. Mais lui savait la véritable raison ; elle voulait le revoir.

Il s'étira longuement et regarda le soleil par la fenêtre. Il lui parut vers la fin de sa course, enflammant le ciel. Il avait dû dormir toute la journée durant, arrivé très tôt au palais après toute une nuit de chevauchée. Malgré le repos, il se sentait encore fourbu, et un peu honteux de n'avoir pu officier au temple. Mais il ignorait s'il aurait été capable de recevoir sans somnoler les voyageurs venus pour l'épouse d'Apollon, et sans laisser la fatigue influer sur l'interprétation des prédictions et du vol des oiseaux.

La faim le força à quitter sa chambre. Avant de passer la porte, il attrapa sa chlamyde et s'en habilla. Il se fit en chemin vers la cuisine pour demander du pain à Timia avant de se préparer pour le banquet du soir. Il salua les esclaves qui fourmillaient de tout part pour apprêter la salle et ne rendirent qu'une réponse très brève, bien que ravis de revoir leur jeune maître de retour, même pour une journée.

- Notre cher éphèbe est enfin de retour parmi nous, quel plaisir ! lança joyeusement la voix de sa demi-sœur. C'est horrible de rester avec Sophia sans que tu ne sois là, je n'ai personne à part toi qui veuille bien jouer de la musique pendant que je danse !

Un sourire taquin était dessiné sur ses lèvres alors qu'une lueur malicieuse brillait dans ses prunelles. Elle avait déjà sauté dans ses bras sans qu'il ne s'en rende compte alors qu'elle riait de sa surprise. Elle descendit et il put enfin l'observer avec plus d'attention. Elle portait sa tenue de prêtresse et ses cheveux étaient encore recouverts par le voile blanc, différent de celui qu'elle portait quand elle se rendait au temple d'Hécate.

- Je suis également content de te revoir. J'ai pensé à toi quand je gardais le port et que je voyais les navires. Je meurs de faim, je dois aller chercher quelque chose. Tu m'accompagnes ?

- Allons plutôt sur la petite salle, à côté du gynécée. Il y a de quoi manger et si ce n'est pas ce que tu veux, je le changerai.

- Même en or ? la taquina-t-il.

- Pas pour l'instant.

Il rit et la suivit. Il n'avait pas remarqué qu'elle tenait dans ses mains ses sandales et dans l'autre son voile de prêtresse. Elle poussa une porte et l'invita à y pénétrer. Il hésita un instant, craignant d'entrer au gynécée qui lui était interdit. Mais il constata à la place une pièce meublée et des murs étonnement dépourvus de fresques. Un épais tapis ainsi que des sièges confortables étaient placés, un guéridon au milieu, et le blanc des murs captaient suffisamment la lumière. À peine avait-elle fait un pas que Desdémone jeta à l'autre bout de la pièce ses sandales et s'affala négligemment sur un des sièges en s'y installant comme sur un lit. Tharros haussa un sourcil de surprise, ne pouvant s'empêcher de la comparer à la jumelle qui se serait récriée d'horreur en voyant une position aussi dégradante pour une princesse.

- Je suis debout depuis l'aube, se justifia-t-elle comme si elle avait lu dans ses pensées. Et je suis avec mon frère, je peux bien me détendre en sa présence.

De Delphes toute puissanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant