Les portes s'ouvrirent et Desdémone prit autant d'air qu'elle pouvait pour se donner du courage. Elle remarqua d'abord que toutes les personnes présentes étaient debout parce que la reine l'était aussi et qu'il serait malvenu et surtout très irrespectueux de s'asseoir alors qu'elle ne l'était pas. Puis ensuite, elle constata que d'un côté se tenait les membres du conseil et d'un autre les généreux qui se toisaient comme chien de faïence. Près du trône, la reine se tenait debout, encadrée par Sophia et Loïmos à sa droite et Tharros et Pistos sur sa gauche.
Timia apparut devant Desdémone pour l'empêcher de faire un pas de plus et lui présenta un plateau d'argent.
- Tu dois poser tes armes, l'informa-t-elle d'une toute petite voix, tremblante. Je suis désolée, Desdémone.
L'intendante ne la regardait pas dans les yeux, elle avait la même attitude navrée mais aussi inquiète que Thysié dans les corridors. Desdémone se sentit peinée pour l'intendante mais lança un regard noir aux conseillers. Elle se doutait que cet ordre émanait d'eux. Elle ignorait ce qu'il s'était passé en son absence, mais il lui sembla qu'ils avaient gagné en pouvoir alors que justement, Clelia tentait de limiter autant que possible pour ne pas avoir à vivre une situation semblable à celle d'Andrios ou comme maintenant.
Elle déposa à contrecœur le glaive puis la dague d'ambre sur le plateau et voulut faire un pas pour avancer mais Timia la retint.
- Les sachets de plantes aussi, signala Timia en montrant du menton ceux suspendus à sa ceinture.
Elle fut saisie par l'incompréhension puis soudainement, elle se tourna vers sa mère encore debout. Elle fixait avec colère ses conseillers qui attendaient de leur côté que Desdémone fasse ce qu'on lui avait demandé. Ils attendaient avec une impatience grandissante qu'elle obéisse sagement et se conforme à leur demande. À côté, les généraux ainsi que Sophia et Tharros regardèrent le conseil frémissant d'impatience avec désapprobation et parfois avec haine. Les deux partis ne s'appréciaient pas d'habitude mais avec ce qu'exigeait à présent le conseil, ce fossé était immense entre eux.
- Demandez-moi aussi de me déshabiller entièrement, ce sera plus rapide et on ne tournera pas autour du pot, lança Desdémone en se tournant vers le conseil qui se montra choquer par ses propos. Faire ça à une fille de Delphes, à une princesse. J'ai l'impression qu'on me traite comme la dernière des criminelles. Nous sommes tombés bien bas avec vous.
Quelques généraux ricanèrent en entendant ce qu'elle disait et sur le visage de Sophia, un léger sourire étira ses lèvres mais elle se reprit. Elle avait les bras croisés sous sa poitrine, ses loups couchés à ses pieds étaient calmes. Elle était parée avec beaucoup de bijoux et d'un chiton de soie rose pâle qui s'accordait avec son teint. Mais son visage était fermé, dur et sévère. Tharros à ses côtés était visiblement dans le même état d'esprit, mais aussi tendu. Elle remarqua alors que malgré son maquillage, Sophia avait des cernes, Tharros et leur mère aussi. Ils avaient dû être tenus éveiller malgré eux, à cause de ce simulacre de procès. Ce conseil était définitivement corrompu jusqu'à la moelle.
- Nous n'exigerons jamais cela d'une fille de Delphes, bafouilla un conseiller en se remettant de son choc. Nous ne cherchons pas à l'humilier.
- Ce n'est pas ce que j'ai l'impression de voir, intervint un général d'un ton très cassant. C'est odieux et hypocrite. Princesse, d'après ces hommes-là, tu as outrepassé les ordres de notre reine en quittant la Phocide. Ta mission était de les chasser les mycéniens et récupérer nos nefs qui ont été prises. Alors avec tout les respects que j'ai pour toi ainsi que pour ta famille, nous voulons comprendre et non pas te juger.
- Je n'ai rien outrepassé, j'ai fait comme on m'a demandé d'agir, répondit-elle en levant la tête fièrement. Pour récupérer des navires en territoires ennemis, il m'a fallu quitter celui sur lequel j'opérais. Deux villes sont tombées et placées sous l'autorité de Delphes. Les nefs ne sont pas toutes reprises mais la majorité m'ont été remises. Ainsi je n'ai en aucun cas désobéi et je n'ai fait qu'accomplir ma tâche.
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De Delphes toute puissante
Ficción históricaGrèce antique. Les grandes cités de Grèce se disputent une cité en particulier, gouvernée de façon particulière : des femmes sont à la tête, puissantes et indépendantes, aimées et respectées par leur peuple, prêtresses et médecins, guerrières et str...