Chapitre 6 : Manoeuvrer

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La flèche siffla dans l'air et alla sa ficher dans la poule qui gambadait imprudemment dans la palestre.

Un esclave se hâta d'enlever le corps du volatile et sa cacha de la portée des flèches. Tandis que l'esclave courait se mettre à l'abris, Pistos arma son arc et attendit la cible. Le maître d'arme, derrière pour que personne ne soit réellement prêt à tirer et silencieusement, fit signe à l'autre esclave de lâcher un marcassin.

Pistos attendit que l'animal se trouve à sa portée puis lâcha la flèche qui traversa le ventre. L'animal poussa des couinements de douleur et le jeune homme l'acheva en tirant une flèche dans sa tête.

— Je fais mieux que toi ! s'exclama-t-il en défiant sa cousine qui arma à son tour l'arc.

— Pff, même pas, pauvre sot ! Il te faut deux flèches pour tuer alors que moi, il ne me suffit que d'une.

— Tu n'as que des poules ou des faisans à tuer, répondit le beau brun en la jaugeant. Fais mieux, si tu es meilleure que moi.

Clelia tendit son arc et attendit l'ordre silencieux de son maître d'arme. Une biche passa et quand elle arriva devant elle, Clelia lâcha la tension exercée sur la corde et tua sur le coup l'animal, dans le cou. Clelia ne cacha pas son sourire et adressa une regard triomphant à son cousin.

— De toute façon, je te laisse gagner parce que tu es la princesse et ma cousine. Sinon, mon oncle m'en voudrait si je te laissais perdre.

— Mais bien sûr ! le railla-t-elle.

Il n'y avait plus d'animaux. À la place, on plaça des cibles et des mannequins de paille. Clelia tira de son carquois une flèche et la positionna, attendant son cousin.

— Mon oncle et mon père m'ont dit que bientôt j'entrerai à l'éphèbie, lui confia Pistos en attendant le signal du maître d'arme.

— Toi, chez les éphèbes ? Je pensais que ton père te couvrais à outrance au point qu'il refuse que tu tiennes une arme.

— Ce n'est pas pour rien que je viens ici, sotte ! Non, en vérité, père veut que je m'entraîne aux armées pour servir ma cité et mes souverains. C'est juste que comme je suis son seul héritier en ce qui concerne ses biens, il me surprotège. Xiphos m'a dit ce matin que j'entrerai dans dans un an.

— Je me ferais plaisir de t'accorder une traitement de faveur, sourit Clelia en tirant sur le mannequin.

La flèche se planta directement dans le crâne de l'épouvantail et Clelia se tourna vers son cousin.

— Tu sais si tu seras affecté à la garde du palais ou de la patrouille ?

— Aucune idée. Mon oncle demandera certainement le plus dur. Je suis deuxième dans l'ordre de succession au trône. Il veut être sûr que je serais apte s'il advenait que...

— Si je dois perdre la vie, c'est au champ de bataille pour défendre ma cité, glorieusement, ou alors dans un lit, les cheveux blancs. Mais pas avant.

La voix était ferme et sèche et ne souffrait pas de réponse. Pistos se contenta de tirer sur le mannequin en silence. Leurs carquois étaient déjà vides et Clelia ne ressentait plus l'envie de tirer. Elle détestait cette histoire de succession qui était dans la bouche de tous et la ramenait sans cesse à son rôle initiale : succéder à ses parents en laissant le pouvoir à son époux, faire des enfants et rester dans l'ombre.

Mais les trois reines qui jusqu'à maintenant avaient accéder au trône ne s'étaient pas tenues à ces principes et étaient passées outre. Rien n'empêchaient qu'elle fasse comme les gens le voulaient. Elle était libre après tout de ses décisions.

De Delphes toute puissanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant