Les renforts dont bénéficient les troyens mirent à mal les Achéens. Les Amazones les décimèrent par milliers, guidées par Penthésilée qu'on ne pouvait arrêter son désir de mettre en charpie les hommes. Il en était de même pour le fils d'Eos, Memnon et ses Éthiopiens qui faisaient plus de dégât que les autres.
Clelia regarda le fils de Nestor, Antiloque s'éteindre. Le vieux roi à côté d'elle se mit à pleurer, entouré par ses autres fils et Achille. Memnon l'avait achevé alors qu'il le protégeait de ses coups. Antiloque avait perdu sa vie pour préserver celle de son père. Et cela accablait grandement le vieux roi.
Par respect, Clelia se détourna. Elle était débordée. Machaon n'était plus de ce monde, tué par Penthésilée alors qu'il évacuait des soldats vers le campement. Et maintenant, la souveraine se retrouvait à diriger les soldats qui apportaient les blessés et les autres médecins qui étaient sous ses ordres. Elle ne savait plus où donner de la tête. Heureusement, Pistos et Briséis venaient lui prêter main forte et la soulager un peu dans sa tâche. Jamais ils n'avaient de repos, il fallait constamment veiller au bien-être des blessés ou alors préparer les remèdes. Clelia se sentait dépassée par la situation.
- Briséis, appela-t-elle, donne à cet homme une goutte de pavot.
L'ancienne reine hocha la tête et s'occupa de l'homme qu'elle lui avait indiqué. Clelia la regarda faire ainsi que les autres qui s'activaient. Elle avait l'impression de suffoquer. Cet afflux de blessés étaient beaucoup trop nombreux et puis cet air où les odeurs du sang, de la chair putréfiée et des plantes qui tentaient de les masquer lui montaient à la tête. Elle sortit d'un pas rapide de la tente où elle officiait pour respirer. Mais même dehors, c'était la même chose, l'air n'était pas pur malgré ce vent qui soufflait.
Elle regarda la bataille qui se déroulait devant elle. Au loin, elle parvint à distinguer Pâris qui se démenait contre Diomède, Déiphobe qui fonçait vers Agamemnon, Penthésilée juchée sur la craintive jument, fendant le crâne de ses ennemis. Le sang la couvrait entièrement et les terribles cris qu'elle poussait faisaient trembler ses adversaires. Penthésilée ne semblait pas se préoccuper de ses guerrières qui se faisaient tuées, ni de celles qui se trouvaient en mauvaise passe. Elle ne devait penser qu'à une seule chose, tuer.
Maintenant, en la voyant ainsi, la souveraine comprit les craintes de l'ancienne régente amazone, la vieille Despina. Penthésilée était dangereuse, son désir de faire la guerre mènerait à la mort toutes ses guerrières et éteindraient le sang d'Artémis pour de bon. Cela ne devait pas arriver.
Elle remarqua Achille qui passait devant elle, et qui se jetait au cœur du combat. Il se frayait un chemin jusqu'à Memnon et sans attendre, planta sa lance dans son ventre. L'Ethiopien écarquilla des yeux avant de s'écrouler sur le sable, mort. Achille se détourna de lui et fonça vers une Amazone tenant un arc. Il blessa mortellement la guerrière d'un coup de glaive. Clelia frémit violemment en voyant une de ses parentes succomber ainsi sans pouvoir agir et tenter de la soulager.
Dangereusement, le Myrmidon continua sa terrible progression jusqu'à Penthésilée. La souveraine maîtrisait péniblement sa jument. Pourtant, quand Clelia l'avait dressé quelques années plus tôt, elle avait averti Penthésilée de la délicatesse de l'animal. Et pour cause, le fracas des armes l'effrayait plus que tout. Clelia voyait ses oreilles aplatis sur sa tête et son agitation. Sa cavalière ne faisait rien pour la rassurer, elle était trop affairée à planter sa hache dans les crânes de ses ennemis.
Achille constata la nervosité de la jument noire et saisissant l'occasion, courut et leva les bras tout en faisant le maximum de bruit pour désarçonner l'Amazone. Il réussit sans problème. L'animal se cabra et hennit de frayeur. Penthésilée tomba lourdement de selle et resta immobile sur le sol pendant un moment. Une Amazone qui trainait là, protégea comme elle put sa reine mais ne lutta pas longtemps contre le Myrmidon.
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De Delphes toute puissante
Historical FictionGrèce antique. Les grandes cités de Grèce se disputent une cité en particulier, gouvernée de façon particulière : des femmes sont à la tête, puissantes et indépendantes, aimées et respectées par leur peuple, prêtresses et médecins, guerrières et str...