Chapitre 9 : Angoisse et bonheur

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Des coups résonnèrent contre la porte de la chambre de la reine. En sursaut, Aédone se releva du lit sur lequel elle somnolait et attrapa un drap pour couvrir sa poitrine. Les coups reprirent de plus belle et se fut au tour de Terpsis de se relever, les sens encore brouillés par le sommeil.

— Qui est-ce ? s'enquit-elle en étouffant un bâillement.

— C'est Timia, ma reine. Daphnée est vraiment souffrante, elle hurle de douleur depuis dix minutes maintenant. C'est vraiment urgent !

Terpsis ne fit pas attention à l'intonation de Timia et se tourna vers son amante qui déjà enfilait son chiton.

— Daphnée est enceinte, expliqua rapidement Aédone en s'approchant du lit. Hier matin, elle s'était plainte de douleur au ventre mais elle a quand elle a travaillé. Puis vers la fin de la journée, Clelia est venue me voir pour me dire que Daphnée ne travaillerait pas et que c'était essentiel pour qu'elle se repose.

— Elle est à terme, non ? s'informa Terpsis en s'habillant à son tour.

Sans un mot, l'intendante hocha de la tête et ouvrit la porte. Malgré la pénombre que jetait les torches, elles virent Timia se tordre les mains d'inquiétude et terriblement remarquable à cause de son visage qui était blanc.

— Va chercher Clelia, ordonna la reine.

Sans un mot, la jeune affranchie courut vers la chambre de sa sœur de lait et tambourina. Elle entendit en réponse une voix maudire et gronder. Timia renouvela ses coups puis enfin la porte s'ouvrît sur Clelia, ses cheveux emmêlés et le regard brumeux.

— J'espère que tu as une bonne raison de cogner à cette heure-ci de la nuit.

De nouveau, Timia répéta et soudain mieux réveillée, Clelia courut au quartier des esclaves. Il ne faut pas difficile de chercher la chambre de Daphnée, des cris résonnaient. Plus elles approchèrent, plus les cris de firent plus fort. Clelia poussa la porte et vit que dans le petite chambre se pressait déjà sa mère et Aédone ainsi que d'autres femmes qui étaient elles aussi esclaves. L'air était étouffant et Daphnée poussait des cris de douleurs. L'esclave était nue, son ventre exposer à la vue de tous. Elle transpirait à grosses gouttes et haletait parfois ou alors criait.

— Enfin ! s'écria Terpsis qui épongeait le front de l'esclave avec l'aide d'Aédone. Dépêche-toi, allumes les torches pour faire plus de lumière et approches-en une.

Clelia s'exécuta et alluma les torches puis en attrapa une et s'approcha avec de sa mère. Terpsis s'agenouilla à l'autre bout du lit et commença à essuyer les cuisses maculées de sang de l'esclave. Daphnée haletait plus encore, essoufflée.

— Lève les jambes.

L'esclave s'exécuta sans faire de remarque et Terpsis ordonna d'un geste à sa fille d'avancer ainsi que de lui faire de la lumière. Clelia vit une main disparaître entre les jambes et s'enfoncer puis soudain, la reine devenue sage-femme arrêta la progression de sa main et sembla chercher quelques choses. Le silence se fit parmi les esclaves qui soutenaient la future mère et toutes furent suspendues au geste de Terpsis qui avait un visage songeur.

— Je sens la tête. Il arrive bientôt, garde courage, Daphnée.

— Je ne peux pas, gémit la jeune esclave.

— Mais si tu y arriveras, l'encouragea Aédone en épongeant son front.

Daphnée gémissait encore et toujours, grognant dès qu'elle sentait une contraction. Les minutes s'écoulèrent et Terpsis remarqua aucune progression de l'enfant pour naître. Malgré elle, la reine s'agita et ne cessait de regarder entre les cuisses.

De Delphes toute puissanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant