Chapitre 16 : Les Amazones

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À peine la nef fut-elle déchargée que déjà, Clelia harnacha son étalon pour partir un peu plus au nord. Elle avait prétexté auprès de l'équipage et de Soter l'impatience de retrouver son amie d'enfance, ce qui était un demi mensonge. Elle n'en pouvait plus d'attendre et trépignait d'impatience.

- Calme-toi, on dirait que tu vas t'enfoncer dans le sable, fit remarquer Pistos en sellant son étalon.

Il était prévu que le jeune homme l'accompagnerait jusqu'à une certaine distance de la colonie, le temps de se mettre d'accord sur la durée du séjour chez les Amazones et où ils se retrouveraient.

- Je n'y peux rien, cela fait si longtemps que je ne les ai pas revu. Raison de plus pour se hâter !

Elle passa les mors puis vérifia la hauteur des étriers avant de s'installer. Pistos rejoignit la selle à son tour et fit avancer son étalon vers Soter qui regardait son navire. Il ne sembla pas remarquer la présence du jeune homme, trop absorbé par la contemplation du Triton.

- J'accompagne ma cousine chez son amie, attaqua Pistos.

Soter sursauta et se retourna vers les deux cousins, juchés sur leurs étalons respectifs.

- Tu ne souhaites pas te reposer ? interrogea le capitaine pour Clelia.

- Mon amie est au quatrième mois de grossesse et avant mon départ, elle m'avait fait part de son inquiétude. Elle a besoin que je la rassure, inventa-t-elle. Pistos m'escortera jusqu'à chez elle, elle vit à l'extérieur de la colonie.

- Soit. Je te souhaite bon courage pour l'accouchement.

Elle le remercia brièvement avant de donner un coup de talon dans les flancs d'Oxypous, imitée par son cousin. Ils entrèrent ensemble dans la cité aux murailles de bois, sans prêter attention à la vie qui foisonnait. Elle était pressée de traverser l'autre porte qui se trouvait à l'opposer.

- Que dirais-tu d'une course jusqu'à l'autre porte ? proposa la jeune fille, malicieuse.

- Tu vas encore me gagner avec ton canasson !

- Tu veux parier ?

Sans même donner une réponse, Pistos donna un grand coup dans les flancs de sa monture, prenant de court sa cousine. Elle poussa un cri de protestation avant de le suivre à travers la foule. Les charrettes la bloquaient et l'empêchaient de rattraper son cousin qui prenait de l'avance.

- Le fourbe ! pesta-t-elle.

La foule la ralentissait. Il avait bien choisi son moment ! Elle pesta encore et encore, faisant prendre des détours qui l'écartait de la porte. Les charrettes formaient un barrage et ne permettait pas d'avancer. Elle prit la décision de faire sauter l'obstacle à Oxypous qui n'eut aucun problème. Les habitants furent effrayés mais elle ne les prit pas en compte et encouragea l'étalon à galoper vers la porte nord. Puis enfin, à travers la cohue, elle reconnut la porte nord. Elle lança le cheval, sachant d'avance qu'elle avait perdu. Elle le fit avancer doucement, trouvant inutile de s'élancer au galop. Elle reconnut au loin l'étalon blanc et Pistos qui arborait un sourire de conquérant. Sa cousine lui lança un regard noir.

- Tu peux désormais changer le nom de ton canasson, fanfaronna-t-il. J'ai gagné !

- En route ! bougonna-t-elle.

Ils firent avancer au trot les deux étalons. Clelia demeure silencieuse, ne digérant pas sa défaite. Le début du chemin se fit dans le silence puis Pistos se décida à y mettre un terme. Il devait savoir comment se déroulerait la suite du voyage.

- Tu penses rester un moment chez les Amazones ?

- Je l'ignore encore. Le plus longtemps possible, j'aimerai en profiter. Et toi, tu pars quand pour Troie ?

De Delphes toute puissanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant