Un matin, une armée avança vers Delphes. Les soldats qui gardaient les remparts donnèrent l'alerte, ne sachant si c'était l'ennemi victorieux ou alors une autre cité qui avait décidé d'attaquer quand le plus gros des hommes se trouvaient aux portes de Corinthe. Plus ces hommes qui soulevaient un nuage de poussière avançaient, et plus les gardes reconnurent Terpsis sur sa monture à la tête, vêtue d'une cuirasse d'homme et paradant la tête haute. Elle traînait derrière elle des charrettes plein d'or mais plus encore, les ports qu'elle désirait plus que tout acquérir.
Les portes de Delphes s'ouvrirent devant les vainqueurs et la population ovationna la reine et ses soldats qui s'étaient battus contre leurs ennemis. En arrivant, Terpsis mit pied à terre et avança. Elle reçut les cris de joie des habitants et les larmes de bonheur de savoir que fort peu d'hommes avaient rejoint les Enfers. La foule l'entoura et scanda son nom, occasionnant la colère de Xiphos qui vit d'un mauvais œil le triomphe de son épouse. Elle recevait avec bonheur les cris de joie de la population et se permit de s'arrêter pour boire le vin d'un marchand, assuré et certain de la richesse dont il pourrait bientôt accéder.
Pourtant, Terpsis se rappela du songe où elle me vit et se hâta de rejoindre le palais. Encore une fois, elle reçut aux abords les hourra des esclaves et des soldats et la reine vit Aédone l'attendre au perron, un sourire aux lèvres. Immédiatement, la reine courut vers sa confidente et l'embrassa d'abord furtivement sur ses lèvres avant de la serrer dans ses bras.
— Bienvenue chez vous, mes maîtres, fit-elle en s'inclinant.
— Tu m'as manqué, se contenta de souffler Terpsis en caressant rapidement du bout des doigts le grain fin de la peau du bras de l'esclave. Où est Clelia ?
— Avec son précepteur, maîtresse.
— J'ai besoin de me changer avant de recevoir les hommages du conseil. Je ne veux que toi pour m'aider.
Aédone y répondit rapidement et quand sa maîtresse fut sûre que personne ne les épiées, elle embrassa avec fougue l'intendante.
— La guerre et la victoire sans toi ont un goût fade, contrairement à tes lèvres, lui chuchota la reine entre quelques baisers passionnés sur sa peau. Mon beau rossignol, tu n'as pas idée des jours que j'ai passé à penser à toi, même en combattant. Cet idiot de Xiphos restait tranquillement allonger sur son divan à se soûler alors que moi, je menais l'assaut.
— Une reine qui a le sang des Amazones est plus digne de se battre et de commander, répondit Aédone en la déshabillant.
L'intendante commença à verser l'eau sur le corps qui se dessina de petits ruisseaux laiteux, emportant la poussière du voyage. Terpsis s'alanguit de l'eau qui coulait et embrassait quelques fois l'esclave qui répondit tout autant. Pourtant, Aédone se hâtait de finir la toilette et sortit des malles une longue pièce de tissu jaune et alla chercher les fibules d'or et des bijoux.
— Délia..., commença l'intendante.
— Je reviens tout juste de guerre et toi, tu me parles de cette hétaïre...
— Elle n'est pas une hétaïre, ma reine, elle a tout sauf ton intelligence et ton savoir. Jamais elle n'arrivera à ce statut, tu es plus importante qu'elle. Non, en vérité, cela concerne Délia et ta fille.
La reine se retourna et revit le songe où elle voyait Clelia.
— Qu'a-t-elle fait ?
— Délia s'est au début amusée à l'insulté devant tout le monde car elle pense que tu es la responsable de sa fausse-couche et elle refuse d'admettre le contraire. Pour se venger, elle a donc insulter Clelia de tous les noms avant de se mettre à la battre sans aucune raison valable. Tout est prétexte pour Délia et elle en a profité.
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De Delphes toute puissante
Ficción históricaGrèce antique. Les grandes cités de Grèce se disputent une cité en particulier, gouvernée de façon particulière : des femmes sont à la tête, puissantes et indépendantes, aimées et respectées par leur peuple, prêtresses et médecins, guerrières et str...