Dans la mer si claire, trois enfants s'ébattaient, joyeux. Ils se laissaient submerger par les vagues en poussant des cris de joie avant qu'ils ne se taisent, victimes d'une autre. Ils ne craignaient pas la noyade, ils étaient trop envoûtés par la beauté sauvage de la mer pour s'y méfier.
Sur la plage, Aédone observait attentivement les enfants. Chaque vague la faisait peur, elle se méfiait des attraits envoûtants de la mer. Malgré tout ses avertissements, les enfants refusaient de l'entendre. Elle ne pouvait quitter une seule seconde l'horizon, elle ne voyait qu'eux et les vagues. Elle n'entendit même pas le hennissements des chevaux. L'ancienne intendante sursauta en sentant une main frôlée son bras. Vivement, elle se tourna avant de pousser un soupir de soulagement. Terpsis était enfin là, et Timia aussi. Contrairement à elle, son amante affichait un sourire en voyant ses petits-enfants s'amusés dans l'eau, au mépris du danger. Ce ne fut pas le cas de Timia qui rappela sévèrement sa fille et les fils de Clelia. Percevant enfin dans le chaos de l'eau cette voix familière qu'ils n'avaient pas entendu depuis longtemps, ils sortirent de l'eau. Une tête rousse courut vers l'intendante du palais, alors que deux autres, l'une blonde et l'autre brune se jetèrent dans les bras de leur grand-mère.
- Ils refusent d'obéir, commença Aédone en guise de salutations.
Terpsis ne répondit rien et se contenta de prendre dans ses bras Tharros, non sans difficulté. Elle embrassa sa joue ronde, heureuse d'enfin les revoir.
- Alors, tu fais des frayeurs à ton autre grand-mère ? se moqua gentiment la régente en lorgnant un œil sur Aédone.
- J'aime l'eau, protesta le blond de sa voix fluette. Grand-mère Aédone veut pas nous laisser jouer tranquillement.
La moue du garçon fit rire Terpsis. Elle embrassa une dernière fois Tharros avant de prendre Andrios et de lui offrir ses mêmes salutations. Plus timide que son frère, il se montra moins démonstratif. Mais ce n'était qu'une façade, ensuite, Terpsis l'entendrai parler jusqu'à n'en plus de finir.
- Et toi, tu veux rejoindre la Crète à la nage ?
- Vouii ! répondit-il, ajoutant involontairement une lettre.
Elle reposa le garçon de trois ans avant de se tourner vers Alopex, suspendue dans les bras de sa mère. Elle ne lâchait pas sa mère qui marchait déjà vers la villa. Terpsis prit la main d'Andrios alors que son aîné rejoignait sa sœur de lait. La régente prit la bride de sa monture laissée à côté d'un buisson. Sous l'insistance de son petit-fils, elle le fit grimper sur le dos de l'animal avant de se tourner vers Aédone.
- Tu leur as beaucoup manqué, commença-t-elle en regardant le fils d'Hégémon juché sur le cheval.
- Je sais, à moi aussi. Et toi tout autant. Je suis venue au plus vite, ton message est intriguant. On ne t'a rien dit ?
- Absolument rien, répondit l'ancienne intendante. Il a précisé qu'il ne parlerait qu'à toi. Ce sont des nouvelles venant de Troie. Elles concernent ta fille.
Malgré elle, Terpsis frissonna. Cela faisait deux ans qu'elle n'avait plus aucune nouvelle de sa fille, et encore moins de son neveu. La dernière en date concernait son mariage au prince troyen. Puis plus rien. Quand elle était partie en Thrace pour confier Sophia aux Amazones, elle avait hésité à faire un détour pour voir sa fille avec l'enfant. Mais elle s'en était abstenue, de peur de compromettre la sécurité de Sophia. Et au retour, elle n'avait pu le faire car Clelia était déjà enfermée dans la cité. Elle ne pouvait prendre le risque de paraître devant les remparts et se prendre une flèche d'un des deux camps.
Par moment, elle se demandait comment sa fille vivait entre ses murs. Quels étaient ses relations avec la famille de Priam et son nouvel époux ? Que faisait-elle de ses journées, si loin de la politique et de la guerre, en partie protéger par les remparts ? Clelia n'aurait pas laisser les jours s'écoulaient sans qu'elle ne fasse quelque chose. Elle exercerait très certainement la médecine, elle ne restait jamais bien longtemps oisive.
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De Delphes toute puissante
Historical FictionGrèce antique. Les grandes cités de Grèce se disputent une cité en particulier, gouvernée de façon particulière : des femmes sont à la tête, puissantes et indépendantes, aimées et respectées par leur peuple, prêtresses et médecins, guerrières et str...