Malgré tous les efforts d'Héra et Athéna, les terribles flèches d'Éros étaient gagnantes. Comme prédit par Aphrodite, Clelia commença à éprouver ses sentiments qu'elle pensait ne plus connaître. Le cœur qui palpitait dès qu'elle voyait son époux lui sourire, les papillons dans le ventre quand il l'embrassait et cette joie nouvelle qui se déversait en elle quand elle était entre ses bras. Tant d'émotions aussi qui lui avait paru morte avec son premier époux.
Depuis Éléos, elle n'avait plus vécu cela, même avec ses amants. Elle avait cru que son cœur était devenu froid et déserté par l'amour. Mais maintenant, et après avoir passé des jours à tergiverser, elle parvenait enfin à se l'avouer : elle aimait à nouveau. Elle ne trahissait pas Éléos, il aurait préféré la voir heureuse plutôt que se morfondre jusqu'à sa mort. Et maintenant, elle l'était. Cette prédiction dite quelques années plus tôt s'était réalisée. Aphrodite et Éros revenaient à elle.
La lampe à huile commença à vaciller. Clelia regarda rapidement le niveau de l'huile tout en soupirant. Elle avait envie de finir son paragraphe, mais elle manquait aussi d'encre et elle n'avait pas envie de quitter sa chambre.
Dehors, elle entendit les frères et sœurs de Déiphobe parler comme à leur habitude. Clelia ne se joignait pas à eux, elle profitait de la nuit pour travailler avant que son époux ne revienne.
Un rire fusa dans la nuit puis chacun se salua. Clelia entendit les pas approcher de sa chambre et la porte s'ouvrir avec un léger grincement. Elle ne se retourna pas mais sentit son regard doré transpercer son dos. Puis les pas avancèrent et elle sentit une main sur son épaule et des doigts effleurés sa nuque. Bientôt, ils s'aventurèrent dans son dos, suivant sa colonne vertébrale avant de remonter jusqu'aux épingles d'or. Elle frémit délicieusement alors que les épingles glissaient lentement de ses cheveux, ponctuer de baisers dans son cou.
Elle perdit la notion du temps, ne vivant que de ses caresses trop rapides et retenus. Elle resserra sa main autour de son stylet avant de le relâcher pour éviter une tâche d'encre qui gâcherait son travail.
Clelia finit par se retourner et l'embrassa tendrement. Les bras de son époux l'entourèrent. En se détachant d'elle, à contrecœur, il vit son sourire. Il passa un doigt sur ses lèvres avant de murmurer :
- Tu es magnifique quand tu souris.
Son cœur palpita. Elle avait l'impression d'être redevenue la jeune fille qu'elle était dix ans plus tôt. Elle renaissait.
Aphrodite observa la scène avec un sourire de satisfaction. Tout marchait comme elle le désirait. À côté d'elle, Artémis observait aussi le couple puis se tourna vers la déesse.
- En es-tu satisfaite désormais ? Elle est tombée amoureuse de lui, tu as obtenu ce que tu désirais.
- Certes, mais il est temps de sceller cette union. Elle est de ton sang, comme tu le revendiques, inspire-la, Artémis, que la prédiction de ton frère se réalise. Trois fois mère, elle retrouvera Aphrodite et Éros à son troisième mariage...
- Tu es la déesse de l'amour, c'est ton affaire...
- Mais toi, tu fertilises la terre et les femmes. C'est la moindre des choses, je t'ai donné l'amour d'Orion que tu as ensuite tué, celui de ta nymphe adorée et de ta nouvelle prêtresse qui ne te laisse pas indifférente. D'ailleurs, comment se porte-t-elle, cette chère Iphigénie ?
- Assez, siffla la chasseresse. N'en est-il pas autant avec ton Adonis, au point de te le disputer avec Perséphone ? Mais je ferai ce que tu m'as dit, j'ai juré de venger mes filles et j'en ai fait une affaire personnelle. En échange, je veux qu'Agamemnon paie son offense.
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De Delphes toute puissante
Ficção HistóricaGrèce antique. Les grandes cités de Grèce se disputent une cité en particulier, gouvernée de façon particulière : des femmes sont à la tête, puissantes et indépendantes, aimées et respectées par leur peuple, prêtresses et médecins, guerrières et str...